Un ticket pour Casablanca

Les premiers froids arrivés sur l'Angleterre, le port commençait imperceptiblement à voir son activité ralentir.
Un regain commença à se faire sentir en fin de journée quand un sous marin américain vient s'amarrer au quai numéro 6.
Les dockers jetèrent la passerelle pour laisser à l'équipage le soin de mettre pied à terre.

Une poignée d'homme, aux visages marqués posèrent le pied à terre. La plupart restèrent sur place, les autres se laissèrent tombés à même le dock.
Le capitaine du sous marin les traversa d'un pas lourd, et rejoignit l'officier britannique qui l'attendait pour signer les divers papiers de réapprovisionnement.

"Capitaine Doe, si j'étais vous j'attendrai avant de me lancer dans cette paperasserie..."

Un sous officier de petite taille au visage rouge venait de prendre la parole. D'un geste théâtral il tendit un courrier au capitaine. Ce dernier le fusilla du regard, puis se retourna vers l'officier britannique, en lançant:
"Et moi, si j'étais vous j'apprendrai à mettre les formes quand je m'adresse à un gars qui vient de passer plusieurs mois en mer. Alors mon bonhomme tu vas attendre que je termine cette "paperasserie" et, que je me saoule la gueule. Mais si tu m'indiques le pub le plus proche, et que tu paies la première tournée je veux bien lire ce fichu courrier!"

Deux heures plus tard, vautré sur une chaise avec une demi douzaine de verres vides, le capitaine Doe daigna enfin ouvrir le courrier.
"Fichtre! Les gars vous voulez connaître la meilleur? Les ronds de cuir du HQG ont enfin décidé de nous donner nos vacances. Vous avez quatre heures, préparez votre bordel on a un avion à prendre."

D'un coup de pied sous la table le capitaine fit apparaitre, comme par magie, le petit sous officier... Enfin ce qui pouvait resté d'un homme qui venait de perdre toute dignité, argent et envie de boire avec des sous mariniers avant très longtemps.
"Et toi le gratte papier, j'ai une réponse à te donner pour l'amirauté: l'équipage du capitaine Doe est prêt à partir dans 12 heures."

Sous l'hilarité général, le sous officier tenta de gagner la sortie du pub en titubant entre les tables. Arrivé à mi chemin, il s'effondra sur les genoux d'un grand gaillard Écossais, avant d'y vider son trop plein d'alcool.
Une bagarre éclata dans l'instant, dévastant le pub.

Douze heures plus tard et, un œil au beurre noir, le capitaine Doe se présenta avec ses officiers sur l'aérodrome. Le chef mécanicien se pencha à son oreille:
"Capitaine, au fait on part pour où?"

"Pour le soleil, l'aventure et la gloire Chef! Pour Casablanca. Il parait même que les huiles vont nous confier un navire dernier cri."

"Wahou! On se barre enfin de ce coin. Mais par contre que fait on de lui?" Il désigna d'un geste une loque, qui dans une autre vie avait été un sous officier responsable des courriers.

"Bof, vue son teint blafard, il a besoin de prendre des vacances. On va voir si on peut l'embarquer avec nous, des types qui sont capables d'un tel crochet ne courent pas les rues!"