Nouvelle patrouille

26 mars 194*
Dans la brume du petit matin, le ron-ron d'un diesel vient troubler la tranquilité de la mer d'Iroise.
Le U-36, le plein de carburant, de torpilles et de vivres a appareillé de Brest pour une nouvelle patrouille entre l'Angleterre et l'Irlande.
Trois nouveaux officiers sont venus renforcer l'équipage, dont un officier d'Intendance qui a su démontrer tout son savoir-faire lors du réapprovisionnement à l'arsenal.
Ernst, n'ayant toujours pas digéré ses derniers conversations à l'amirauté avait motivé son équipage en lui promettant une semaine de permission au retour de la mission, et ensuite une mission plus qu'intéressante si cette patrouille s'avérait fuctueuse.

26 mars 194* **h00.
Dans la baignoire, Ernst scrutait la mer cherchant à déceler une éventuelle menace, ou une cible potentielle.
A l'ouest d'Ouessant, la silhouette caractéristique d'un destroyer Britannique se détachait sur l'horizon, Ernst donna l'ordre de s'approcher le plus lentement possible afin d'éviter de se faire repérer par cette superbe nuit où la lune était presque pleine.
Une solution de tir avait été calculée, les tubes étaient chargés, Ernst attendait seulement d'être à bonne distance pour donner l'ordre de mise à feu.
"Ein Flammrohr".
Ernst, déclancha son chronomètre et tenta de suivre le sillage de la torpille.

2 min 35 s plus tard une explosion se produisit sur la coque du Destroyer qui se ralentit sous l'impact et se mit à giter sur son tribord.

"Volltreffer! Warten auf den nächsten Torpedo."

Une deuxième torpille sortit des tubes avants de l'U-36 et fila vers sa cible.
Ernst, déclancha son chronomètre et suivit le sillage de la torpille à la jumelle lorsqu'il vit le Destroyer effectuer un large virage babord et accélérer.

"Scheiße, ist der Bastard weniger betroffen als das, was ich dachte. Wir werden sie vermissen, und es fällt heraus"

Effectivement la torpille manqua sa cible et le destroyer réussit à s'échapper.

Ernst donna l'ordre d'abandonner le poste de combat et de reprendre une route Nord-Ouest.

28 mars 194*

Le jour s'était levé depuis quelques heures lorsque la vigie dans la baignoire repéra un châlutier britannique au Nord Est de la position du U-36 faisant route vers le Sud Ouest.
Ernst donna l'ordre de réduire la vitesse, de recharger les tubes et de plonger.
Inutile de prendre le risque d'être identifier et que sa position soit signalée par radio à l'aviation ou aux forces alliées présentes en manche. Le secteur était trop dangereux.

28 mars 194* beaucoup plus tard en fin de soirée.

Ernst observait au périscope le châlutier qui s'était fortement rapproché du U-36.
Il s'agissait d'un châlutier battant pavillon Britannique. Ernst en scrutant attentivement le navire remarqua une rampe de grenades ASM à l'arrière, il s'agissait d'un de ces châlutiers que les alliés avaient armés afin de lutter contre la présence allemande dans ce que les Anglais considéraient comme Leur Mer!

Un petit sourire vint sur les lèvres du commandant Allemand...

"Schlacht-Station! Röhrchen 1 und 2 im Anschlag Feuer!"

Ernst positionna le U-36 de façon à ce que ses tubes pointent vers le babord avant de 3/4 du châlutier.
On pouvait maintenant lire sur la poupe du Britannique " HMS IV-C"

"Ein Flammrohr !"

La torpilla fusa vers sa cible et une minute trente plus tard une explosion se produisit sur le babord de l'étrave du châlutier le soulevant et le stoppant net.

"Es wird schwer zu schlagen! Zwei Flammrohr!"

La deuxième torpille quitta le sous-marin et vint frapper le châlutier, le brisant net, et provoquant son naufrage.

Ernst à travers les occulaires de son périscope assista à l'agonie rapide du bâtiment, et pu constater qu'une partie de l'équipage Britannique avait pu quitter le navire et s'en éloignait à la nage...

HRP: Si le commandant Jean Jagot veut participer à ce RP, il est le bienvenu.

Le U-36 avait repris sa route au Nord Ouest à petite vitesse alternant la surface avec l'immersion lorsque la mer était trop forte.

01/04/194*
La vigie dans la baignoire
Fumées importantes par le tribord avant 3/4 !
Ernst qui broyait du noir tout en machant une chique, enfila son bonnet et son bouson de mer et monta dans la baignoire.
Effectivement à plusieurs milles de là, à l'horizon, des fumées importantes trahissant la présence d'une forte concentration de navires étaient visibles.
En avant trois quart, aux postes de plongée
La baignoire se vida en un clin d'oeil, le premier sas fut refermé, puis le deuxième tandis que l'assiette du sous-marin s'inclinait et que lentement le bâtiment glissait sous les eaux.
Ernst hissa le périscope de chasse, et se mit le braqua dans la direction observée plus tôt, tout en rêglant les puissantes jumelles "Zeiss" pour essayer d'identifier l'origine des fumées.
La barre 10 à droite ! |/i]
Le matelot à la barre commença à chanter les caps, jusqu'à ce qu'Ernst, lui donne l'ordre [i] Gouvernez comme ça ! Le matelot anonça tout de suite le cap suivi et Ernst ponctua cette annonce d'un "Gut ! " bien sonore.

01/04/194* bien plus tard
A travers les occulaires du périscope Ernst identifia un convoi formé de huit gros navires marchands: trois tankers et cinq cargos.
En avant lente
L'ordre était tombé de réduire encore la vitesse, le submersible se positionnait pour attendre sa proie.

02/04/194*
Le convoi était enfin à portée de tir, il faisait jour, Ernst un peu fébrile, donna l'ordre de tirer deux torpilles sur un cargo armé qui manquèrent leur cible, ou plutôt que la cible réussi à éviter tant les torpilles étaient lentes.
C'était incroyable, les nouvelle torpilles à impacts tirées n'avaient pas réussi à dépasser la vitesse de 10 noeuds...
Comment vouloir arriver à toucher une cible qui marchait, même à vitesse moyenne à 12 noeuds.
Encore ce satané sabotage français....
Ernst demanda à ses mécanos et son officier de tir de démonter la dernière torpille restante afin de contrôller son état.
L'opération dura toute la journée, et à la nuit tombée, le verdict fut prononcé: pas d'hélice trop petit pour atteindre une vitesse supérieure à 10 noeuds.
C'était incroyable, les arsenaux français étaient farcis de terroristes.
Le chef mécanicien qui était un vieux roublard assura à Ernst, qu'il pouvait bidouiller cela afin de passer le cap des 10 noeuds, et d'atteindre une vitesse honorable.
Carte blanche lui fut donnée.
Pensant ce temps, le U-36 dormait sous les flots, le mécano usinait, et Ernst buvait.

03/04/194* entre minuit et le lever du jour.
Ernst, éméché par la quantité de cognac français qu'il avait ingurgité pour se consoler de tous ces tirs ratés par la faute de ces @#*°°°neries de français, fut alerté par son officier en second qui lui signala la présence d'un petit patrouilleur ASM "Le Spirit Of Captain Achab".
Grisé par l'alcool et en colère comme un chihuahua, Ernst fit chargé le tube 1 avec la dernière torpille bricolée par le chef mécanicien, et, lorsque le patrouilleur fut à portée, donna l'ordre de tirer.
La torpille quitta bien le submersible, accéléra, dépassa sans problème les 10 noeuds, puis les 20 noeuds, puis continua à accélérer, puis accélerer, et finalement passa devant l'étrave du patrouilleur.
Ah oui, le chef mécanicien avait bricolé la torpille pour qu'elle aille plus vite, un peu trop vite même, ou alors, Ernst était trop saoul pour calculer correctement une solution de tir.

Le U-36 était rentré au port de Brest et se balançait tranquillement au grès du faible ressac, tribord à quai dans la vaste base sous-marine en béton.
Ernst était en train de mettre à jour son livre de bord avant de se rendre à l'amireauté pour rendre compte de sa mission, et en particulier de ses échecs.
Il passa en revue une nouvelle fois dans sa tête toute la mission, ne trouvant d'autre explication que la mauvaise qualité des torpilles fournies, la lenteur de son sous-marin côtier, et ce malgré toute la bonne volonté et les qualifications de son équipage.

Une dernière fois, il se demanda s'il avait pris les bonnes décisions au bon moment, puis, fermant le livre de Bord, il le pris sous son bras, mis sa casquette, ferma tous les boutons de son uniforme, jeta un regard à ses bottes pour voir si elles étaient bien cirées, et se dirrigea au CO pour monter sur le pont.

La petite passerellle tendue entre le quai et le U-Boot permettait de passer de l'un à l'autre en moins d'une minute. Ernst hésita à l'emprunter, se demandant si ses derniers actes, si ses derniers écrits n'allaient pas être pris pour des actions défaitistes, lui valant au mieux un blame, au pire...

Ernst était maintenant sur le quai, il lui fallait rejoindre rejoindre l'état major qui se trouvait au château, dans la grosse tour située au l'autre bout du port, pour ce faire, comme à chaque retour de mission, une voiture l'attendait.
Le chauffeur le salua d'un "E*************R" tout en claquant des talons, puis lui ouvrit la portière.
Ernst s'assit à l'arrière, releva le col de sa gabardine, et attendit que la voiture arrive à destination.
Le long du trajet, il ne pouvait s'empêcher de regarder la vie s'agiter autour de lui, se demandant s'il allait revoir le jour.
Il n'était pas rare qu'un "officier disparaisse en ces temps troublés pour avoir tenu des propos diffamatoire ou défaitistes à l'égard du Reich".

La voiture s'arrêta devant la tour, le chauffeur ouvrit la portière, Ernst descendit, se dirrigea vers le peron, un planton le salua en claquant des talons.
Ernst répondit à son salut et pénétra dans la tour avec une boule au creux de l'estomac.

Ernst fut reçu par l’habituel jeune officier d’état-major, qui lui prit le livre de bord, et lui demanda de patienter quelques instants avant d’être reçu par l’adjoint de l’amiral commandant la force sous-marine à Brest.
Trois heures plus tard, après avoir patienté, patienté, patienté, tout cela sans fumer une seule cigarette, Ernst fut reçu dans le saint des saints.
L’adjoint de l’amiral, un Fregattenkapitän, qui n’avait pas mis les pieds sur un submersible en mer depuis au moins, bref Ernst ne savait pas, l’accueilli froidement par ces mots :

« Anspruchsvolle Narr. Ihre Zeitung ist der shit!
Sie nehmen sich für?, Großadmiral Dönitz?
Du hast Glück, die geschützt werden, weil Sie unter Kriegsrecht tranduit es verdienen!

Sie sind gegen mich auf einem U-Boot-Meer, das U-512 zugeordnet.

Du nimmst den unmittelbaren Befehl ein, und Sie werden Ihre Aufträge Paar auf See erhalten, einmal aus dem Gully!

Wenn ich wieder zu lesen wie diese einen Lappen, verbrannte ich mir mein Hirn!

Schwein!“

Ernst était abasourdi. Il s’attendait à se faire remonter les bretelles sévèrement, mais absolument pas à recevoir une nouvelle affectation.
Que voulait dire le Fregattenkapitän par « vous êtes protégé » ?
Le jeune Officier d’Etat Major informa qu’Ernst que pendant qu’il était entrain d’attendre, et pendant le temps où il avait été reçu par le Fregattenkapitän, ses affaires avaient été débarquées du U-36 et transférées sur le U-512 qui allait rejoindre immédiatement et où son nouvel équipage l’attendait pour prendre la mer.
Ernst sortit de l’amirauté, et, sans prendre le temps de monter à l’école navale se reposer et de faire une virée dans les bouges de la Penfeld rejoignit son nouveau bâtiment.