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Enrique di Castello
Violente tempête
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Le Diable de Tunis Empty Le Diable de Tunis

Dim 09 Jan 2011, 00:31
Des fois on aime bien son métier, pis des fois on ne l'aime pas. En cet instant, à 5h du matin à quinze nautiques à l'Est d'Alger, par 55 mètres de profondeur, le capitaine Jedediah Cornelitz détestait son métier. Enfermé dans un foutu cigare d'acier avec une cinquantaine des pires truands d'Afrique du Nord, sans eau courante, sans lumière, sans même un hublot pour voir les poissons, il se faisait, comme tout le monde, projeter à plusieurs mètres de distance contre les parois d'acier du sous-marin, au milieu d'un vacarme sans nom et des cris de l'équipage, dans des trépidations infernales. Et tout cela ne serait rien, sans ces messages qu'on lui faisait passer sans arrêt, et au sujet desquels on attendait surement de lui une opération digne du saint esprit.

-"Chasse des balasts bloqués commandant !!"

-"Commandant, voie d'eau dans la salle des torpilles !!"

-"60 mètres en augmentant, commandant, nous coulons !!"


Il avait envie de leur crier "Vos gueules !!!", le commandant, à eux et à tous ces salauds qui de la surface leur balancaient des tonneaux pleins de feu et d'enfer, pour aller le temps d'un remous troubler le repos des abysses, et éventuellement les envoyer par le fond, lui et tous ces hommes, et par la même occasion l'ennemi qu'ils representaient.
Lui qui se plaignait du manque d'eau, il en avait à présent jusqu'aux chevilles. Tout le monde criait, hurlait ou priait, alors que le submersible se prenait des coups de boutoirs de plus en plus puissants, de plus en plus rapprochés. Essayez de vous representer dans une boite de conserve frappée à coups de batte de base-ball, et vous aurez un aperçu approchant.

Quelle saloperie de métier quand même..
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Enrique di Castello
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Le Diable de Tunis Empty Re: Le Diable de Tunis

Dim 09 Jan 2011, 00:33
8h du matin. L'heure du petit déjeuner. Cette simple notion semblait etre une utopie pour les 60 hommes du Batavia, couché sur le flanc par 70 mètres de profondeur, au bord d'un banc de sable salvateur. Ou sadique, car une plongée définitive dans les abysses leur aurait peut-etre épargné une série de peines et de souffrances probablement pires qu'une mort rapide. Mais à bien y reflechir, le capitaine Cornelitz préferait avoir sa chance plutôt que de mourir sans espoir, compressé entre deux feuilles de tôle.
La chose la plus dure à réparer dans ce genre de situation, c'est l'espoir. A la periode apathique de l'équipage il avait fallut lui substituer un vent d'esperance, pour les forcer à sortir de leur torpeur, et ensuite, une fois les premières réparations terminées et les premières bonnes nouvelles annoncées, la machine était lancée, il fallait juste esperer que rien ne vienne en griper les rouages.

Deux heures plus tard, alors que l'air se trouvait lourdement chargé en dioxyde de carbone, la purge des balasts fut enfin possible, et les éléctriques étant opérationnels, il fut enfin possible de rentrer, sur le plan théorique du moins. Chacun se réunit près du poste de commande, et une longue prière accompagna la disparition de l'eau qui leur mouillait les pieds depuis le milieu de la nuit. Et enfin, le Batavia bougea, se redressant sur son banc de sable, avant de s'élever lentement. Tres lentement. La surface serait là dans l'heure qui suivra. Le capitaine en profita pour faire le tour des differents méchanismes du bord, dans une relative serenité. Une fois l'eau partie, les officiers et lui-même purent constater le miracle. Malgré les chocs, malgré l'eau, malgré la pression, la plupart des systemes avaient tenu bon. Les deux diesels tournaient, mises à part deux bielles faussées, les tubes étaient opérationnels, les instruments de navigation étaient intacts. La seule difficulté venait du régénerateur d'air qui avait un comportement étrange, mais dans les faits, le Batavia était opérationnel.
Ce fut justement ce régénerateur d'air qui fut à l'origine de l'aventure la plus dingue de toute la carrière du Batavia et de sa bande de Français dépravés, rongés par deux mois d'opération sans repos, et qui vaudrait à leur capitaine le surnom de "Diable de Tunis", bien que celui-ci fut grandement exageré.

A 10h25, le circuit d'air fut parcourut d'un spasme, et une vague de frais fit le tour du bâtiment. La seule chose déreglée était le calculateur des proportions d'air à injecter dans le sous-marin, et à plus forte raison de l'oxygène, qui envahit bientôt l'air au-dela du raisonnable. Mais l'explication ne fut trouvée que bien après, et le destin était déja en marche.
Une agitation peu commune s'empara rapidement de l'équipage, débordant d'énergie, à la limite de l'euphorie. Cela n'épargna pas le capitaine, qui rassembla l'équipage, une lueur diabolique dans le regard.


"Les gars, on ne peut pas le nier, on a prit cher cette nuit. Disons-le carrement, on s'est fait botter le derche comme des débutants. Mais ça ne va pas se passer comme ça. On va aller leur montrer ce qui passe quand on nous cherche. Je n'aurais qu'un mot : Ca va chier."

Des acclamations répondirent à ce discours peu orthodoxe et en quelques instants, le froid, la fatigue et les peines furent oubliées, tout le monde courant pour fourbir ses outils de mort, dans une scène assez inquiêtante. Le mécano en chef parlait à ses diesels comme si il attendait une réponse, l'officier torpilleur avait l'air de chercher quelqu'un dans les tubes, et le sonariste croyait téléphoner dans son hydrophone. Plus inquiêtant encore, la vigie voulait déja sortir à son poste, par 30 mètres de profondeur, le bosco exigeait des tenues de soirée, et le capitaine, au milieu de tout cela, repetant trois fois ses ordres à la même personne, ordonnait la mise en route des éléctriques, cap plein Est, pour aller chercher des poux aux allemands de Tunis.
Et c'est dans la joie et la bonne humeur que tout cet asile flottant se dirigea, pleine gomme, vers le combat, et surement pour la première fois de l'histoire sous-marine, sans la moindre once d'apréhension..
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