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jonh patpog
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Mar 28 Déc 2010, 19:09
A l’attaque d’un convoi


Pendant des jours, nous avançâmes à la même allure, occupés aux petits détails d’un service qui ne comportait aucun changement. Nous aspirions à une diversion. Enfin, un message « urgent ». Le radio le présente au commandant. Ce sont des indications au sujet d’un convoi.

La distance qui nous en sépare est encore considérable, mais il avance vers nous, à moins qu’il ne modifie complètement sa route. Nous marchons à vitesse moyenne vers le point d’intersection de nos itinéraires.

Au bout de deux jours, il devrait être en vue. Mais, pas le moindre panache de fumée à l’horizon. C’était sans doute un convoi important, car le haut commandement envoya un avion éclaireur pour nous appuyer. Nous étions éloignés de plus de trois mille kilomètres de l’aérodrome le plus proche. Un sous-marin est petit : pour un avion, il est difficile à découvrir. Nous trouverait il ? Il devrait être au dessus de nous dans cinq heures. Le radio essaye d’établir le contact. Ce n’est pas une petite affaire, car les postes émetteurs des avions sont assez faibles. Mais il est urgent de lui signaler notre position exacte et, si possible, de lui envoyer des signaux. Cela marche à souhait. Voici l’avion en vue : un BV138 (…). Nous transmettons par signaux lumineux la position supposée du convoi.

(…) Deux heures s’écoulent, nous continuons d’avancer sans nouvelles directives. (…) Notre BV 138 revient. Ses signaux lumineux nous renseignent : « Convoi carré X, direction Est, allure 8 milles marins, environ cinquante bateaux convoyés par Destroyers ». De la besogne de premier ordre ! Conclut notre commandant. En avant !

(…) Nous avançons toujours. Encore un panache de fumée, puis un autre, mais en dépit de ces légers indices, il faut reconnaître que tous ces navires rejettent fort peu de fumée. Les premiers mâts. Ils sont de plus en plus nombreux. « Une vraie forêt ! dit quelqu’un sur le pont. Nous aurons fort à faire pour l’abattre ! » - « Pas de commentaire et ouvrez l’œil » répond le commandant sans éloigner les jumelles de ses yeux.

(…) Nous sommes le premier navire en contact avec l’ennemi. Il s’agit d’abord de rassembler autour de nous des sous marins se trouvant dans les parages en évitant d’attaquer tout de suite : c’est le principe de la fameuse tactique de Rudel (…). Ainsi fut-il possible, au cours de batailles navales dans l’Atlantique qui durèrent des jours, de détruire entièrement des convois de cinquante bateaux et plus.

La nuit nous est propice : sans lune, obscure. Nous voici en plein dans le convoi. La machine à calculer est mise en action. Des volants sont tournés ouvrant les portes des tubes lance torpilles et il ne faudra plus qu’appuyer légèrement d’un doigt sur le bouton de tir. (…) Mais d’autres sous marins manquent encore.

(…) Nous voici trois en tout. Notre commandant se décide à l’attaque. De nouveaux messages à l’adresse d’autres submersibles ne s’imposent plus. Les flammes aigues des explosions seront visibles de loin.

Nous avons l’intention de couler quatre navires à la fois, et nous avons choisi les plus grands. C’est d’abord sur le plus éloigné que nous mettons au point notre mire, puis sur les autres. Si possible, il faut que les détonations se suivent de près afin de ne point donner à aucun des navires le temps de battre en retraite. Nous gratifions le plus vaste des navires de deux torpilles, les autres d’une seulement. L’espace qui nous sépare du bateau le plus proche nous est restreint, peut être 600 mètres.

Feu ! Le sous-marin sursaute cinq fois de suite. Dans 40 secondes environ, les torpilles auront atteint leur but. Nous attendons impatiemment. Ces secondes sont longues et les « anguilles » ne semblent pas encore arrivés à destination. Une erreur aurait elle été commise ?

Une flamme aigue, puis des explosions se suivent. Le son se propage plus rapidement dans l’eau que dans l’air. Encore une explosion sur le même bateau. Il se brise et instantanément va au fond. Il y aura peu de survivants. Deux autres détonations se suivent de près, encore deux bateaux touchés. Une torpille manque son but. Quant aux autres sous marins, ils semblent n’avoir pas encore lancé.

Dans le convoi qui, quelques instants plus tôt poursuivait si paisiblement sa route, une intense activité s’éveille. Des feux rouges et verts luisent soudain. Ce sont sans doute des signaux indiquant un changement d’itinéraire. L’Anglais connaît son métier. Les manœuvres en convoi et surtout dans l’obscurité, tous feux éteints, sont extrêmement compliquées. Mais aucune collision n’a lieu. C’est dommage, nous aurions moins de travail.

Les destroyers tourniquent autour de nos victimes. Des projecteurs envoient des faisceaux de rayons. On tire des grenades : nous ne sommes pas encore repérés.
Notre navire est toujours au centre du convoi. Sans doute ne soupçonne t-on pas notre présence en ce point. D’ailleurs, quelle audace d’avoir choisi ce lieu d’action !

- Chargez ! Ordonne le commandant.

Au lieu de nous esquiver ou de plonger, nous nous sommes encore rapprochés. Si près d’eux, ils ne nous verront pas, estime le commandant. Il a raison : en mer, on distingue surtout les navires lorsqu’ils se silhouettent sur l’horizon. Si la distance est par trop réduite, il est difficile de voir un sous marin du haut d’un pont de vapeur. La tache sombre qu’il fait à la surface des flots se distingue mal des grosses lames.

Les clapets de fermeture à l’arrière des tubes lance torpilles sont ouverts. Les torpilles y glissent les unes après les autres. L’équipage ruisselle de sueur. Il y va de la vie ou de la mort. Nous ignorons toute espèce de ménagement à l’égard de l’ennemi. S’il nous découvrait maintenant, nous serions perdus sans espoir.

Trente cinq minutes plus tard les préparatifs de la prochaine attaque sont terminés. L’officier torpilleur au commandant : « Les tubes 1 à 4 prêts au lancer en surface. »

De violentes détonations. Des navires sautent. D’autres laissent fuser des tourbillons de vapeur et stoppent. Des projecteurs fouillent les eaux. D’épaisses colonnes de fumée montent vers le ciel. Par places, le mazout brûle sur les eaux. Des S.O.S. se répètent sur la bande des 600 mètres. D’autres sous-marins se sont joints à nous. Toujours de nouvelles explosions. « Espérons qu’un coup perdu ne sera pas pour nous ! dit le second officier de quart. Il ne nous manquerait plus que d’être envoyé par le fond par les nôtres ». Le danger est grand pour nous qui nous tenons à l’intérieur du convoi.

Celui-ci se disperse. C’est mauvais pour nous, car nous ne pourrons plus viser qu’un seul objectif à la fois. Finie la destruction simultanée de plusieurs navires ! D’ailleurs, l’attaque se complique par le fait que les navires indemnes sont sur leurs gardes. Quelques uns marchent en décrivant des zigzags, d’autres de vastes cercles.

- un 8 000 tonnes dans notre mire ! Deux torpilles ! Distances 400 mètres. Feu !
- Tribord toute ! Une nouvelle victime ! Feu !

Presque en même temps que retentit le second commandement, le premier vapeur visé saute en l’air. Coup au but. Il sombre par l’arrière.

Des ombres à l’avant ! Nous essayons de nous esquiver. Mais l’ombre est plus rapide que nous. Elle grandit progressivement. Un navire de guerre ! alerte ! Nous sommes repérés !

Tandis que nous bondissons à l’intérieur, d’autres détonations retentissent. Nous ne sommes plus que des robots. Toutes les manœuvres s’accomplissent automatiquement. Notre commandement nous avait mis en garde contre les petites vedettes rapides qui sont amarrées sur les navires du convoi et que l’on met à l’eau en cas d’attaque de nuit par un sous marin. Leur avantage réside dans leur taille réduite, leur rapidité et leur important armement à tir rapide. Ces petits esquifs ne se voient que lorsqu’ils sont très proches de vous, et encore !

« Plongez cent mètres ! » Avec 40 degrés de pointe à la vitesse limite, nous fonçons dans l’abîme. Notre ingénieur mécanicien aurait-il des ancêtres parmi les poissons ? C’est un maître de la navigation sous marine. Exactement à la profondeur désignée, il redresse le navire, le stabilise, ordonne de fermer les purges et annonce que tout est paré.

Le commandant : « Bon ! Nous avons eu une sacrée veine ! Ces cochons là inventent toujours de nouveaux tours ! C’est ce qu’il faut, autrement la guerre deviendrait insipide. Enfin, la prochaine fois, nous saurons à quoi nous en tenir. Bravo pour la veille ! ».

Les premières grenades sous-marines éclatent. Mais elles sont éloignées. Nous sommes encore trop proches du convoi et les destroyers, à cause des nombreux bruits qui s’entrecroisent ne réussissent pas à nous situer exactement. Ca changera bientôt.

Le commandant : « Louvoyez ! ». Les moteurs électriques ronronnent si doucement qu’on les entend à peine. Les ordres sont murmurés. Les machines auxiliaires ont été stoppées. Les matelots ont mis des chaussons de feutre. Dès qu’un homme n’a pas une fonction quelconque à remplir, il va s’étendre. On consomme ainsi moins d’air respirable ; nul ne sait combien de temps il faudra nous contenter de notre réserve d’air.

Le convoi s’éloigne. On ne perçoit plus que faiblement le battement de ses hélices. Par contre, les trois destroyers s’acharnent à nos trousses. Le bruissement sur notre coque de leurs appareils de détection est connu de la plupart d’entre nous : ils crissent, on dirait que l’on passe les ongles sur les dents d’un peigne. Un autre appareil fait songer à des pois secs que l’on secouerait dans une boîte de fer blanc. Le troisième de ces instruments rappelle le grincement dans un virage d’un vieux tramway mal huilé. On a aussi l’impression, parfois, qu’une balle de plomb s’abat sur le blindage de notre navire. Tout cela fait grande impression. Je songe à l’histoire que l’on conte de cet homme qui partit dans le vaste monde pour savoir ce que c’était que d’avoir peur. Dommage qu’il ne soit pas des nôtres !

Les destroyers nous ont encerclés. Les détonations des grenades sous-marines – en général trois à la fois – se rapprochent de plus en plus. Mon poste de combat se trouve dans le compartiment arrière devant le tube acoustique. A chaque série de grenades sous-marines, je dois dire si tout est encore « intact ». Le tube acoustique se trouve entre le tube lance-torpilles et la coque. On n’arrive pas à l’atteindre tout à fait. Je me tiens à demi penché en avant, appuyé sur une main. Toutes les articulations me font mal. Un des tubes qui, d’habitude est en service, ne peut être utilisé pour le moment : nous louvoyons !

Le danger devient sérieux. Notre submersible descend encore de vingt mètres. Les lumières s’éteignent. Automatiquement, l’éclairage de secours se met à fonctionner. Les visages sont graves. Chacun sait que ce n’est plus une plaisanterie. L’ennemi nous a découverts à l’aide de ses appareils de détection dont le bruissement s’intensifie. Les grenades tombent, de plus en plus proches. Même s’il était permis de parler, nul n’en éprouverait l’envie. L’équipe des dépanneurs électriciens parcourt le navire afin de réparer les avaries. Entre-temps, on a branché la lumière sur le second réseau électrique.

Plusieurs heures s’écoulent de la sorte. Des grenades. Lumières éteintes. Equipe de dépannage.
Les radios captent les destroyers dans leurs appareils et annoncent sans cesse leur position au commandant. Lorsqu’ils se rapprochent, celui-ci va s’installer lui-même dans le réduit radio d’où il donne ses ordres. Chaque fois qu’un destroyer se trouve au dessus de nous et que des grenades sous-marines sons lâchées, nous décrivons un crochet. Il faut un certain instinct pour savoir quelle direction il convient de prendre. C’est aussi une question de chance. Le commandant connaît son métier. Il est impassible. Tout le monde essaie de l’imiter mais assurément, personne ne se sent parfaitement à son aise ! Moi pas plus qu’un autre.

Nous avons compté 68 grenades. Les explosions sont brutales. On en perd l’équilibre. Le sous marin est frappé d’un énorme coup de marteau : baromètres, jauges, tout se brise, les lampes éclatent. Les machines se sont arrêtées. Quand donc disions nous que tout était « en état » ? Mais, Dieu merci, aucun suintement d’eau ; seules les fermetures de sécurité automatiques ont cédé. Le mal est réparé. Enfin, voici un peu plus de clarté. Nous respirons par des tuyaux de caoutchouc, l’air passe à travers des filtres de potasse. Chaque cartouche pèse environ un kilo. C’est à la longue un poids qui compte lorsque l’on est obligé de rester debout. Elle doit absorber par combinaison l’oxyde de carbone qui s’accumule dans l’atmosphère. La quantité limite supportée par l’homme est de quatre pour cent ; au-delà, il y a danger de mort : on se sent fatigué, puis on s’endort pour ne plus se réveiller.

Je crois que je vais m’effondrer là, devant mon tube acoustique. Le conduit de caoutchouc de mon masque dégage une odeur insupportable. L’atmosphère s’échauffe, devient sèche. C’est à peine si l’on peut toucher les cartouches de potasses. La combinaison chimique dégage de la chaleur. On ne peut pas aller chercher de l’eau potable. Chacun est tenu de rester à son poste. C’est la vraie guerre et non pas celle des actualités filmées. De la sueur perle sur les visages.

Nous envoyons un « bold », notre dernier espoir. Bien des sous-marins lui doivent leur salut. Le « bold » nous tirera également de ce mauvais pas ! Les substances chimiques qui le composent déploient une sorte d’écran protecteur, de rideau dans l’eau qui produit dans les appareils des destroyers une sorte d’écho semblable à celui causé par un sous-marin. Nous présentons donc, intentionnellement, notre flanc afin de nous faire repérer de la formation de chasse qui nous poursuit, puis, aussitôt, nous virons de bord, présentant la poupe et nous nous éloignons. Cependant, le « bold » demeure au même endroit et attire sur lui le feu du groupe lancé à notre poursuite. Il semble que l’ennemi soit tombé dans le piège : les détonations deviennent plus faibles. Nous respirons. Les destroyers s’éloignent ; il leur faut rejoindre le convoi, car il attend leur protection pour la nuit suivante.
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Mer 29 Déc 2010, 03:46
Très bon bouquin, à conseiller à tout nos kaleunts !
Heinrich Von Forstner
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U977 Empty Re: U977

Mer 29 Déc 2010, 09:34
U-977 de Karl Schaeffer, éditions Julliard 1952.
(je l'ai trouvé chez un bouquiniste)
Est-ce qu'il a été réédité ?

C'est surtout celui qui détenait le record de navigation en plongée au schnorchel (66 jours sans faire surface...)
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Mer 29 Déc 2010, 10:11
Je viens de l'acheter sur e-bay à 4,50 euros ! Smile
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