Retour à Londres et l'envol de l'oiseau

Retour à Londres
Cela faisait déjà plusieurs mois qu'il était à terre, chargé de la reconstruction et de la réorganisation de Darwin. Il ne voyait plus la mer que de la fenêtre de son bureau. Son aide de camp lui apporta une lettre venant d'arriver tout droit de la métropole. Sir John A. de Vere Capell of Essex l'ouvrit et la lu. Il eu presque un sourire aux lèvres. Enfin, il allait enfin pouvoir montrer à ces grattes papiers de Londres ce que c'était la guerre et comment on la menait. Il claqua des doigts pour appeler son aide de camp. « Préparer mes affaires, je dois rejoindre l'État major du 1st Lord of the Navy dans les plus bref délais ». L'officier ne savait pas s'il devait soupirer de la nouvelle corvée qui lui était attribué ou sourire d'être enfin débarrassé de ce supérieur plus qu'autoritaire.

Sur le chemin de l'aéroport Sir john pensa qu'il aurait du assister à la passation de pouvoir avec son successeur. Mais qu'importe, il allait quitter ce trou où il y avait plus de vaches que d'humains. Que les bagnards se débrouillent sans lui, il allait enfin retrouver la civilisation.

Bonjour, je m'appelle Jessica Bird. J'ai toujours joué les seconds rôles, même dans ma propre vie. Enfin jusqu'à aujourd'hui.

Je suis née le 11 novembre 1925 à Connellan près d'Alice Springs, mon père espérait un garçon après avoir eu 3 filles, je crois qu'il ne m'a jamais pardonné d'avoir été une fille. Il ne s'intéressa guère à moi qu'après la naissance de mon petit frère. J'ai toujours eu du mal à trouver ma place, que ce soit au sein de ma famille, ou même à l'école. Il y avait toujours un autre, pour être plus brillant, plus sympa, plus jolie...

Ma mère essaya de me caser dans tout les métiers possibles et imaginables, je fis un apprentissage en couture, en cuisine, et même en enfant de chœur je ne donna pas satisfaction. Ma mère désespérait, moi même je ne savais pas ce que j'allais pouvoir devenir. Puis en 1939, la guerre fut déclarée mais c'était loin, très loin de chez nous et de nos têtes, dans la lointaine Europe. Mais en 1942 tout changea, la guerre était à nos portes et les japonais bombardèrent plusieurs de nos ports et de nos villes. Du haut de mes 17 ans Je pris alors ma première vraie décision importante, je m'engagea, je choisi la marine même si je n'avais jamais vu la mer, je voulais partir loin de chez moi. Ils recherchaient des infirmières alors je me suis lancée. Je pensais guérir les gens, sauver des vies, mais le désenchantement fut à la hauteur de l'espoir. On ne peut pas être infirmière alors qu'on s'évanouit à la vue du sang. Je fut reléguée à ranger les médicaments et autres fournitures de mon service.

C'est là que j'eus ma révélation. La gestion, le classement, le rangement, l'archivage, tout cela me venait naturellement, s'était tellement « logique », simple. La vie me souriait enfin. Rapidement le système que j'avais mis en place dans mon service, fut élargie à tout l'hôpital. Les choses s'emballèrent, ce ne fut plus l'hôpital mais tout les hôpitaux d'Australie qui mirent mon système en œuvre. On me confia ensuite de plus en plus de responsabilité, gestion des munitions, vivres, des ressources humaines,... Ce qui nous ramène à aujourd'hui, je suis désormais Lieutenant de vaisseau, et on me confie en ce jour mon premier commandement, l'HMAS Whittehall.