la tragédie du SL 125

(hrp: le convoi SL 125 est un convoi qui parti de freetown au sierra leone en direction de liverpool, et qui fut pris à part par une meute de U-boat en octobre 42, ils perdirent 11 navires lors de ce convoi mais les U-boat s'acharnant sur lui ne purent intervenir sur les convois KMS1, KM et KM53 qui allaient participer à l'opération Torch un mois plus tard. source La bretagne dans la bataille de l'atlantique. Mon RP s'inspire de cette histoire pour mettre en scène gourrech, second sur l'un de ses navires qui allait être témoin d'une chasse sans pitié.)

Le temps était exécrable, du haut de la passerelle balayé par le vent et la pluie, profondément enfoncé dans son ciré, Gourrech essayait de distinguer les autres navires qui faisaient parti du convoi. Parti de freetown quelques jours plus tôt ils cinglaient en direction de Liverpool. Quatres petites corvettes étaient chargés de leur protection, bien insuffisante en somme mais c'était toujours mieux que rien.

La longue file de navires balloté par la houle était un spectacle impressionnant, mais le risque d'attaque allemande n'en était que plus grande elle aussi.
Lorsque ces 4heures de quart furent passés, le troisième lieutenant vint le relever et il put se retirer dans la tranquillité de sa cabine.
Alors qu'il sombrait dans un demi sommeil une forte explosion le fit bondir hors de sa banette suivit de l'alarme générale du navire. Il passa rapidement son caban, attrapa sa casquette et se jeta dans la coursive en direction de la timonerie.
Un spectacle beau et effrayant à la fois se présentait devant lui, un navire le "pacific star" venait de se faire torpiller et agonisait rapidement, les silhouettes sur le pont montrant les matelots tentant de mettre un radeau à l'eau.

Il arracha ses yeux de ce spectacle et se concentra sur une mission plus importante, garantir la sécurité de son bâtiment.
Il fit placer des hommes un peu partout sur le pont, dans la mâture et en passerelle afin de guetter le sillage de torpilles ou repérer un périscope, tandis que le matelot de quart à côté de lui veillait les signaux du navire de tête du convoi guidant la manoeuvre d'urgence à faire effectuer pour lutter contre la terrible menace des U-boat.

Pendant plus d'une heure rien n'arriva. Les hommes étaient nerveux et ne pouvaient pas allumer de cigarettes de peur d'attirer l'attention d'yeux ennemis.

Soudain ils virent le "stentor" abattre rapidement sur tribord afin d'échapper à une torpille qu'il ne put cependant éviter. Une gigantesque boule de flamme due à l'explosion dévoila à tous la triste fin du navire.

Et pendant ce temps le convoi avançait toujours, laissant aux escorteurs le devoir de repêcher les malheureux naufragés.
En laissant sur l'arrière la dépouille du navire, chaque homme ne pouvait s'empêcher de songer au faites que le prochain serait peut-être le leur et les têtes surnageant dans l'eau attendant un secours qui ne viendrait probablement pas leur rappelaient qu'ils n'étaient pas à l'abri.

Le reste de la nuit fut calme et les hommes purent prendre un petit peu de repos.

Les quatre jours suivants le convoi perdit encore 9 autres navires, parmi lesquels le paquebot français Paul Doumer, et chaque coup porté diminuait d'un peu plus le moral de l'équipage.
Les quarts en passerelle se déroulaient dans un silence de plomb, personne ne voulant se distraire de sa tâche ne serait-ce que pour échanger des banalités risquant ainsi de ne pas apercevoir le terrible sillage blanc annonceurs de mort.

L'ambiance au carré équipage était morne et les rares personnes tentant de mettre un peu d'ambiance étaient rapidement remerciés.
Au carré officier où siègent traditionnellement le commandant, le second capitaine et le chef mécanicien l'atmosphère était plus lourdes encore. Les seuls sujets abordés étant le prochain temps avant un changement de cap où l'arrimage de la cargaison.

Gourrech était de plus en plus énervé et l'arrivée prochaine à Liverpool était un rêve qu'il n'osait pas faire de peur de perdre la raison. Il fallait vivre sur le moment présent, se dire qu'on avait encore un pont sous ses pieds, que les veilleurs faisaient leur boulot et qu'on serait prévenu en cas d'attaque, que l'on ne serait pas tué pendant notre sommeil dans notre bannette.

Alors qu'il prenait son quart 23 jours après le départ de freetown, le matelot à côté de lui prit la parole
"Sir, we are in the fairway to Liverpool"
Gourrech le remercia d'un signe de tête. Il avait estimé leur position par rapport au soleil ce matin et il savait qu'ils approchaient de la côte anglaise et de leur port d'arrivée. En voyant ce dessiner les contours de la "perfide Albion" il ne put s'empêcher de pousser un soupir de soulagement. Il allait maintenant être payé non pas pour regarder la mer mais pour faire ce pourquoi il était payé, manoeuvrer un navire.

"starboard five"
le matelot mit la barre a 5° tribord et le lui signala
"5° of starboard rudder to be held"
"starboard, steer 082"
"082 sir"
le navire vint lentement au 082 passant l'entrée du port de Liverpool.
Le capitaine se présenta à ce moment en passerelle et finit la manoeuvre.

Cependant pour Gourrech ce n'était pas terminé. Le second d'un navire est responsable du chargement et déchargement de la cargaison. Alors qu'il aurait adoré descendre à quai et se saouler dans un pub pour fêter le fait d'être toujours en vie, il passa le reste de la journée à vérifier le travail des dockers. Ce n'est que vers 20h qu'il put remonter dans sa cabine récupérer ses affaires et descendre à terre.