Noël à Tokyo

L'ordre était arrivé par radio trois semaines avant Noël:

"Rendez-vous avec votre bâtiment le plus rapidement possible à Tokyo. Une fois à quai vous vous présenterez au rapport au grand État Major.
Tachez de ne pas vous faire couler en chemin, l'Empereur a besoin de vous!"

Le navire avait été réapprovisionné, les hommes avaient laissés les putains de LAE avec lesquelles ils se divertissaient depuis de nombreux mois lorsqu'ils étaient à quai sans connaître la destination de leur nouvelle mission et l'I-128 avait appareillé.

La traversée jusqu'à Iwo Jima s'était effectuée à pleine vitesse des moteurs diesels, en surface sans rencontrer la moindre menace.
Le rythme avait tellement soutenu, que par deux fois un des deux diesels avait connu des avaries amenant à mettre en panne le navire en surface en plein Océan.
Fort heureusement les flots étaient vides de tout gaijin (外人

Naozane s'était plus d'une fois durant la traversée interrogé sur la raison et surtout la forme de la convocation.
Il ne comprenait pas, il n'avait jamais été convoqué par le grand État Major, n'avait pas commis de faute lourde depuis longtemps, ni remporté une victoire éclatante.
Il devait s'agir d'une erreur.

Deux jours après avoir quitté l'Atoll d'Iwo Jima, le submersible croisa un convoi qui venait d'être victime de l'attaque d'un navire ennemi. Si près des côtes nipones, il ne pouvait que s'agir du CX333 - USS LUCKY CHANCE, le cargo armé du capitaine Captain Gordon Mc Guiness.

L'I-128 se mis en chasse.

Il fallu pas moins de trois jours pour débusquer le rapide cargo armé.

Ce dernier, parfaitement camouflé jouait avec le temps grisâtre qui faisait se confondre le ciel et l'océan sur l'horizon.

L'ennemi se tenait le jour à distance des convois, se rapprochait durant la nuit, et au petit matin, peu de temps avant le changement de quart de 04h00, lorsque les vigies avaient les yeux rougis de scruter la nuit à travers les jumelles, et les paupières lourdes de fatigue, à la limite de portées de ses canons, il ouvrait le feu pour deux à trois salves de ses 8 Canons de 152mm puis s'esquivait à toute vitesse.

Ce matin là, il était 01h28 lorsque la vigie de l'I-128 repéra l'USS Lucky Chance.
L'officier de quart fit immédiatement prévenir le commandant Sangun tout en donnant l'ordre de faire route à toute vitesse vers le cargo et de remplir les tubes avant.

Le temps allait être compté, il fallait faire vite et adresser 4 torpilles en une seule salve sinon la cible risquait de chercher à les couler à coup de canon et en tentant d’éperonner le submersible.

03h48, l'I-128 se tenait par le tribord avant du cargo, la vitesse était réduite, seul le périscope était en surface.
Le Samouraï attendait son adversaire, katana dégainé, prêt à frapper.

03h52, le Lucky Chance présentait maintenant l'intégralité de son tribord à l'étrave armée du sous-marin Nippon. Le commandant Naozane Sangun donna l'ordre fatidique de lancer la salve de 4 torpilles magnétiques réglées à 9 m de profondeur.

4 CLANGS retentirent dans le bâtiment, mais un seul chuintement indiqua la mise en route du moteur à oxygène d'une seule torpille Type 95.

Le mortel poisson fila vers a proie à près de 50 nœuds, ne laissant presque aucune chance au cargo USS.

3 minutes 30 plus tard, la cible située à presque 2.970 milles marins (5 kilomètres et demi pour les bouseux de la terre ferme ), s'illumina alors qu'explosion retentissait.

L'USS Lucky Chance était touché, mais, méritant bien son nom de baptême, seul un vecteur de feu l'avait atteint.

Pestant contre la malchance, Naozane donna l’ordre de recharger les 4 tubes et de sortir les deux torpilles restantes dans les deux autres tubes de proue afin de les vérifier.
Il était inutile de chercher à tirer une nouvelle fois et de gaspiller une fenêtre de tir à cause d’une défaillance matérielle.

Pendant ce temps, L’USS Lucky Chance gagna en vitesse et se mis à fuir en direction du Sud Ouest en zig zag.

Fort de son expérience, Naozane savait qu’il n’arriverait pas à maintenir le contact avec le cargo ennemi, top rapide pour lui.

Cela dit, le capitaine Gordon Mc Guiness ne se doutait pas que l’I-128 qui venait de le torpiller n’était pas seul.
Le radio du bord signala à l’ensemble de la flottille la présence du navire US endommagé et sa possible position de fuite, tandis que l’on remontait en surface afin de tenter de le poursuivre.

A peine le premier moteur lancé, une soudaine vibration sourde ébranla le submersible et il ne fallu que dix minutes à l’arbre d’hélice tribord pour se rompre.

La malchance frappait une nouvelle fois, la poursuite était impossible.