Le U-572

Le 15 novembre 194*.
Après plusieurs mois de patrouilles victorieuses, Ernst se voyait confier le commandement d'un magnifique submersible TransOcéanique de Type IXb, le U-572.
Fleuron des U-Boots, ce batiment était capable d'aller le feu de l'enfer sans escale de ravitaillement jusque sur les cotes de l'Amérique.
Ernst était fou de joie, l'équipage, entièrement composé de vieux loups de mers experts se mettait à ses ordres pour porter haut les couleurs de l'allemagne face à l'oppression capitaliste.

Le ** novembre 194*, quelque part au Nord de Willemshaven
Le U-572 navigue à pleine vitesse en direction du Nord Ouest pour rejoindre la position de chasse que lui a assigné sont chef de meute, quand une dexplosion retentit sur sa coque.
Le batiment embarque rapidement par l'avant et commence à plonger.
Le klaxon d'alerte retenti, la lumière se coupe, le navire plonge, 25, 50, 75, 100, 150, 175, 200, 225m, des craquements se font entendre, les hommes crient, c'est la fin.
Un choc, un raclement, le submersible s'est immobilisé. Posé, sur le fond.
Dans le noir, la coque craque, les nerfs se calment.
"Rapport des avaries!" aboie Ernst
Peu à peu, le navire reprend vie, l'éclairage revient, les hommes se comptent, il en manque.
Une demi-heure plus tard, le constat est fait, tout le compartiment avant est inondé et innaccessible.
L'U-boot est posé sur le fond, la machinerie semble pouvoir fonctionner, trois hommes sont portés manquants, ils étaient dans le compatiment torpilles avant qui est entièrement inondé.
Ernst donne l'ordre de lancer les électriques et de chasser au balasts pour voir si le sub peut remonter.
Lentement, très lentement le U-572 décolle du fond et remonte vers la surface.
A petite vitesse, le cap est mis vers le chantier naval de Willemshaven.

Le xx novembre 194*
L'U-572 appareille de Willemshaven pour aller se positionner au sein de la meute en observation.
Le navigation est difficile tant il y a de navires alliés et ennemis sur sa route.

Le xx décembre 194*
"Achtung, Asdic!"
Trop tard, un ping mortel résonne sur la coque du U-572 suivi du bruit en approche rapide d'une paire d'hélice.
Ernst fait réduire la vitesse au maximum, et donne l'ordre de passer l'assiette à moins deux pour une petite plongée silencieuse afin de tenter de s'échapper.
Le grenadage commence, d'abord lointain, puis de plus en plus proche jusqu'à qu'une charge explose juste à coté du navire, suivie d'une deuxième puis une troisième.
Le U-Boot est ébranlé, Ernst n'a même pas à donner l'ordre de plongée rapide que le U-572 pique de l'avant et s'enfonce dans la mer du Nord: 25, 50, 75, 100, 150, 175, 200m.
200 m, le navire est stabilisé, la coque craque, l'équipage est au rapport.
La coque est endommagée et des micro-fissures laissent filtrer un peu d'eau, mais le batîment tient bon.
Pendant douze heures, le navire fait le mort, les pings de l'asdic résonnent au loin mais ne percutent plus la coque du submersible blessé.
Au bout d'un moment ils s'éloignent et disparaissent.
L'ordre est donné de remonter à la surface de nuit pour tenter de réparer ce qui est réparable, puis de dresser un rapport d'avaries.

Le constat est simple, bâtiment endommagé, doit retourner en cale sèche pour réparations sur la coque.

Le xx décembre 194*
Ernst doit prendre une décision lourde de conséquences:
- Soit rentrer au port, passer en cale sèche et réparer, cela mettrait fin à la mission et Ernst avait un peu honte de se représenter au port pour la deuxième fois sans victoire et avec son submersible endommagé.
- Soit continuer la mission avec une coque endommagée exposant le submersible en cas de plongée profonde ou de nouveau grenadage.
La décision était difficile à prendre, et, Ernst, croyant à sa bonne étoile choisi de poursuivre la mission.

Le 13 décembre 194* 09h30
Est de Scapa Flow, le U-572 vient de percer la surface des flots, Ernst grimpe dans la baignoire, la mer est agitée en cette mi-décembre, une forte pluie glaciale rend la veille difficile.
"Fumées par le quart Sud Est !" lance la vigie.
Ernst braque ses jumelles dans la direction, le bâtiment monte et descend, suivant la houle, rendant difficile la vision à longue distance.
Par deux fois, Ernst arrive à apercevoir de nombreux panaches de fumée.
Les consignes sont claires, en cas de contact avec l'ennemi, signaler par radio à l'amirauté la menace, puis plonger et se faire ignorer.
Sans avoir pu identifier le nombre ni la nationalité des navires, Ernst donne l'ordre au radio d'envoyer un message via l'enigma.
La situation est tendue, car le temps de coder et de transmettre le U-572 doit rester en surface et se trouve exposé à la vue des avions britanniques qui ne peuvent manquer de survoler la zone tant la base de Scapa Flow est proche.
Le radio confirme que le message est bien parti et que l'amirauté en a accusé réception.
L'ordre est donné de plonger à l'immersion périscopique et de faire route au sud.
Lentement le bâtiment descend à dix mètres, puis prend un cap Sud à la plus grande vitesse possible via ses moteurs électriques.

Le 13 décembre 194* 18h00 quelque part à l'Est de Scapa Flow.
Un premier ping rebondit sur la coque de l'U-572, suivi d'un deuxième, puis d'un troisième.
L'opérateur sonar, informe Ernst que des bruits d'hélices se rapprochent, et que visiblement " PING !" le bâtiment est repéré " PING !". Ernst, bondit jusqu'au périscope " PING !", et fait un rapide tour d'horizon " PING !". Vomissant une fumée noire, bondissant sur les vagues, " PING !" un destroyer battant pavillon Brésilien, fonce à toute vapeur sur la position du U-572 " PING !".
Ernst rabat à toute vitesse le périscope et donne " PING !" l'ordre de plongée "Tafel mindestens 20 diving Stucka" " PING !" " PING !" " PING !"
Trop tard, l'équipage, tandis que la proue de l'U-572 s'incline, court se positionner au poste avant pour accélérer la descente, mais, " Ping Boum! Ping Boum Tssssi, Tsssi Boum, Ping Splash, Ping, Splash Ping, Ping, BADABOUMBOUM, BADABOUMBOUM "
Le bâtiment est fortement secoué par deux explosions justes à côté de la coque.
" Ping Boum! Ping Boum Tssssi, Tsssi Boum, Ping Splash, Ping, Splash Ping, Ping, BADABOUMBOUM, BADABOUMBOUM "
Deux nouvelles explosions et deux nouvelles secousses, le U-572 est touché à mort, il plonge -50, -75 " PING !" -100, " PING !", -125, " PING !", -150, " PING !", -175, " PING !". La coque craque, des voies d'eau éclatent de toute les côtés, les collecteurs explosent, les cadrans des compas sautent sous la pression, les oreilles font mal, " PING !", " PING !", " PING !", " PING !".
L'équipage se rue vers l'arrière, Ernst " PING !" donne l'ordre de chasser au ballasts et de mettre en machine en avant toute " PING !".

Le 13 décembre 194*
Lentement, très lentement le U-572 commençait à remonter tout en fuyant le destroyer assassin.
De toute part, l'eau entrait dans les compartiments, sans que l'équipage ne puisse colmater les brèches.
Une demi-heure après la dernière explosion de grenade, la proue de l'U-572 perça la surface des flots hors de portée pour l'instant du destroyer Brésilien qui continuait à chasser le pauvre submersible allemand.
Par chance, la mer s'était apaisée et la nuit était noire, sans lune.
Ernst donna l'ordre de faire état complet du navire, de ventiler, et d'armer le canon de 105mm, le canon de 37mm ayant été soufflé par les grenades.
Au bout d'une heure, le rapport d'avarie lui fut communiqué: navire en perdition! Impossible de réparer, chambre des machines noyée, chambre des torpilles noyée, coque fuyant de partout et fuites impossibles à réparer.
Le U-572 allait dans les heures à venir, quoique l'équipage tente, même s'il était secouru par un navire allemand, même si aucune attaque supplémentaire ne venait de nouveau altérer son état général, lentement mais sûrement s'enfoncer dans les flots noirs pour sa dernière et ultime plongée.
Ernst donna l'ordre de détruire l'Enigma, de gonfler les radeaux pneumatiques de lancer un ultime message à l'état-major pour donner la position du tombeau, et d'abandonner le navire.
C'est avec un serrement de cœur, que l'équipage commença à s'éloigner à la rame de leur navire agonisant, espérant voir arriver un hydravion de secours ou un navire allemand avant les alliés.
La captivité était leur pire cauchemar.