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Enrique di Castello
Violente tempête
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Mer 24 Oct 2012, 17:57
Carnets de l'Hazelwood









L'histoire dont il sera question ici n'est pas celle d'un homme ou d'un équipage, mais bien du plus important élément de la guerre sur mer, le navire. C'est l'histoire d'un navire qui, dès le début, fit ses preuves comme étant une redoutable machine de guerre, servi, ce qui ne gâche rien, par un équipage déterminé, et qui brava à maintes reprises le feu et l'enfer pour libérer le Pacifique de la suprématie japonaise. L'Hazelwood porta la guerre partout où son devoir l'entrainait.

Son capitaine n'était pourtant en rien prédestiné à le commander. Sous-marinier de carrière, Jedediah Cooper, commandant en second de la Sucpac Force, fut arraché à ses profondeurs par ce qu'il vécut comme un véritable drame.

Au Nord-Ouest de l'Australie, le ciel était en feu au-dessus du petit port de Koepang. Le Timor occidental subissait une nouvelle fois un déluge de fer, après l'assaut réussi par les Alliés sur cette base avancée japonaise, en face du grand port australien de Darwin. La contre-attaque nippone était brutale et sanglante. Assiégés, le corps des Marines américain et le corps britannique n'avaient ni repli ni renfort, et la pression japonaise par la voie de terre se conjuguait à d'incessants bombardements maritimes et aériens. Mais ils tenaient encore bon. Au large, une poignée de submersibles de la Subpac Force tentait de repousser l'inéluctable.
A bord de l'USS Kearsage, de la classe Narwhal, l'équipage du commandant Cooper ne cessait de plonger, toujours plus bas, pour échapper au balais incessant des escorteurs nippons, enragé de ne pouvoir porter le moindre coup à la force ennemie. Quelques semaines auparavant, le Shima, croiseur de classe Aoba avait été envoyé par le fond après une embuscade tendue par la Subpac le long de la côte Sud du Timor, et dans les premières heures de la contre-attaque trois vedettes lance-torpilles avaient subis le feu dévastateur des deux canons de 152 de l'USS Kearsage. Mais depuis, plus rien, rien que des grenades et la peur, enserrés dans ce cylindre d'acier. Pour le commandant Cooper, lui qui ne pouvait s'empêcher d'allumer une cigarette avec la précédente quand il était nerveux, cette atteinte au fond des abysses était insupportable. Le drame arriva une nuit, alors que le submersible en surface rechargeait ses batteries. Sur le pont, le capitaine fumait accroupi dans la baignoire, afin que le petit point incandescent de sa cigarette ne puisse leur donner une toute petite chance d'être repéré. Pourtant, à 3h50 du matin, un Zéro de la chasse japonaise fondit sur eux depuis les nuages, et lâcha une bombe droit sur le kiosque. Frappé en plein, le kiosque fut presque volatilisé, et ses occupants n’avaient eu le temps que de se jeter sur le pont en contrebas. Les projections de métal brulant tuèrent sur le coup la vigie et le premier navigateur, tandis que le capitaine était projeté contre le canon arrière. Lors du choc, il eut le temps de sentir le curieux craquement de ses vertèbres, avant de sombrer dans le coma. Aveugle, son équipage valide piégé dans ses entrailles par l’amas de métal tordu que fut le kiosque, le sous-marin s’enfuit en surface, droit vers le Sud-Est, vers les côtes amies. Deux heures après la descente fut dégagée et l’équipage put remonter à l’air libre, découvrant ainsi leur capitaine tordu contre le canon. Perforé en de multiples endroits, et surtout toujours inconscient, il fut emporté dans ce sous-marin qu’il aimait tant.
Par chance, ou par miracle, aucun avion ni navire ne retrouva le Kearsage, et c’est ainsi rasé jusqu’au pont qu’il rentra dans la rade de Darwin, agitée par l’activité fiévreuse de la guerre venue se porter en ce coin du monde.

Hospitalisé, le commandant Cooper fut retiré du service actif, et resta dans le coma tout le temps de la mise en place de l’infranchissable blocus japonais sur Koepang, et le recul des forces alliées au Timor. Il sortit du coma quelques semaines avant la chute du port, et vite déclaré apte à commander, malgré la camisole et le tuteur qui lui tenait la tête droite pour supporter ses vertèbres meurtries. Les médecins doutaient qu’il puisse à nouveau se pencher un jour. Mais en vrai lion qu’il était, le commandant Cooper refusait de rester inactif. Koepang pliait toujours sans céder, mais cela ne saurait durer sans renfort et ravitaillement. Dans un câble dont l’âpreté du langage interdit d’être reproduit ici, le commandant Cooper exigea d’obtenir le commandement d’un des nombreux caboteurs fournis par les anglais pour alimenter le port, et cloués à quai par le blocus, ce qui lui fut accordé dans la journée, la situation étant plus que critique au Timor. Il n’était plus question de victoire, mais de retraite. Mais jamais Cooper ne put briser le blocus. A six reprises, les petits caboteurs réquisitionnés sous son commandement furent impitoyablement torpillés par l’armada sous-marine nippone qui verrouillait Wyndham, son port de départ. A chaque fois, le pauvre cargo prit doucement de la gîte, et bien qu’aucun marin ne périt dans les six explosions, à chaque naufrage le commandant Cooper pleura amèrement, et pas pour les horribles douleurs qui lui broyaient le dos. Le septième cargo fut sûrement protégé par son chiffre, car il connut un sort plus heureux. Le SS Cecilie survécut à la bataille de Koepang, mais jamais il n’atteignit le port assiégé. Alors qu’il venait de franchir le blocus sous-marin, le SS Cecilie reçut par l’intermédiaire des submersibles de la Subpac toujours en patrouille la nouvelle de la reddition de Koepang. La bataille était perdue. Tout était perdu.
Cooper avait perdu son cher sous-marin, sa capacité à se baisser, et tout son amour-propre. Mais la flamme de revanche qui brulait en lui ne fit que croitre les mois suivants.

Retiré à nouveau du service actif pour raison de santé, il continua à servir quelques temps à bord de cargos, avant d’être réintégré dans la marine de guerre, à bord d’un curieux navire, qui néanmoins lui procura beaucoup de joie, après une brève formation sur un patrouilleur SC. Toujours commandant en second de la Subpac, il accompagna celle-ci en mer de Chine, avec pour mission de traquer des pirates malais mettant à mal le commerce allié. Son vaisseau, une canonnière de classe Erié, fit grand usage de son hydravion embarqué, mais sans grand succès.
Après cette campagne longue et très peu enrichissante pour lui, et tandis que ses camarades submersibles s’en donnaient à cœur joie sur les convois ennemis, la flotte reprit le chemin de l’Australie, entamant une nouvelle et toujours aussi longue traversée de la mer de Chine.
De grands projets avaient vu le jour sur la table tactique de cette petite canonnière, et toute la Subpac brulait d’impatience. Mais il fallait d’abord rallier l’Australie. C’est là que commença réellement l’histoire de l’USS Hazelwood.

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Carnets de l'Hazelwood Empty Re: Carnets de l'Hazelwood

Jeu 20 Déc 2012, 12:38
Prélude :




Arrivé au port de Darwin, le commandant Cooper broyait du noir depuis des semaines. L'action lui manquait, et cette désagréable sensation que la guerre se déroulait sans lui ne faisait que raviver sa soif de revanche. Mais très vite il réalisait que son vœu le plus cher serait difficile à atteindre avec un dos en si mauvais état. L’avenir n’était pourtant pas si sombre.
L’amirauté britannique avait annoncé la création d’une nouvelle flotte de ravitaillement spécialisée dans le soutien aux submersibles au cœur des zones ennemies, la Native Supplying Patrol, et ordre avait été donné à la Subpac Force de collaborer avec eux dans leur première mission. En raison de son expérience et de son handicap, l’amiral en second Cooper avait été désigné comme agent de liaison et participerait à l’escorte des cargos en compagnie des escorteurs anglais. Mais paradoxalement, ces derniers ne mirent à la disposition de l’américain qu’un pauvre chalutier armé, certes neuf, mais son unique canon de 100mm ne correspondait guère aux ambitions de son capitaine. Nommé USS Red Moon (PG-68), il allait connaitre au Nord de l’Australie les moments les plus glorieux sans jamais démériter.

A la tête de trois cargos, d’un destroyer et d’une corvette, le chalutier parcourut une grande partie de la mer de Chine, accompagnant toujours, ne reculant jamais. Aux alentours de Kendari, la flottille tomba dans une embuscade tendue par la défense côtière japonaise. Lors d’une retraite en bon ordre après avoir sauvagement défendu les cargos, le Red Moon se porta au secours du destroyer paralysé par une panne moteur. Malgré son intervention le destroyer fut coulé, et le chalutier solitaire fut contraint de faire un grand détour par Amboina afin d’attirer les militaires loin des précieux cargos. Survivant à une attaque de submersible et coulant avec panache deux escorteurs japonais, le brave chalutier revint fièrement au port, les réservoirs quasiment vides, à court de munition et trois blessés, mais avec trois navires japonais coulés par son seul canon de 100mm. Pour son commandant ce fut l’un des navires les plus vaillants qu’il n’ait jamais commandé.

Dans les jours qui suivirent son retour au port, toute la flotte, submersibles et NSP, prit la route vers l’Est, vers les ports américains, où un matériel digne de ce nom les attendait. Couvert de gloire à bord de son fier chalutier, le commandant Cooper s’était vu annoncé un nouveau commandement, un navire flambant neuf, sans préciser lequel. Extrêmement fier, Jedediah ressentait tout de même un pincement au cœur à l’idée de se séparer de ce brave chalutier. Les 32 hommes d’équipage valides le suivirent jusqu’au grand port de Nouméa, où il quitta son commandement, le troisième navire de guerre de sa carrière, le plus petit et le moins puissant, mais sans aucun doute son préféré jusqu’alors, et le plus vaillant. Nul ne voulait le croire quand il racontait les incroyables aventures de ce navire si petit et si chétif, si peu conçu pour la guerre. Mais il disait vrai, il avait coulé avec ce chalutier trois escorteurs japonais, en avait endommagé deux autres, et avait protégé au péril de sa vie le convoi anglais à sa charge. L'Amirauté avait eu du mal à être convaincue, et quand cela avait été le cas, il fut décidé que le chalutier serait affecté à la défense côtière de Nouméa. Le commandant du port lui glissa pourtant en aparté qu'il ne prendrait plus jamais part aux combats, et qu'après la guerre il en ferait un symbole de la pugnacité américaine. A cet instant, le commandant Cooper se jura que si un jour il en avait les moyens, et s'il survivait au conflit, il l'achèterait pour son propre usage.
Mais le brave USS Red Moon quitta vite ses pensées quand il découvrit aux détours d’un dock sa nouvelle effectation. Un destroyer classe Allen M Summer rutilant, tout juste sortit des chantiers navals de la côte Ouest, dont il serait le premier commandant. Son nom : USS Hazelwood.
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