Les diables de la 8 tiennent la Tamise

Depuis trois jours, l’amiral Donitz était d’une humeur radieuse. Il voyait arriver les fêtes de Noël avec plaisir et impatience, car il tenait le moyen de briller, et plutôt deux fois qu’une, face à ses éternels rivaux de la Luftwaffe, et de l’état –major de la Werhmart, le gros prétentieux Goering et le vil affairiste Himmler, qu’il exécrait en tout premier lieu. Car il recevait, chaque jour, un rapport des plus intéressants pour sa position personnelle aux yeux du Führer. Une de ses escadres tenait depuis une semaine l’embouchure de la Tamise, et les navires anglais se terraient peureusement à l’abri des jetées de Southend, n’osant plus prendre la mer…

- Que l’on ne vienne plus me dire qu’un débarquement en Angleterre n’est pas possible parce que je ne tiens pas le Pas-de-Calais. Non seulement je le tiens, mais j’y campe !!!

Et Donitz songeait à ce diable de baron Von Stauffen et à ses capitaines de la 8ème flotte. Ils étaient des pires coups, des situations impossibles, ceci depuis le début de la guerre. Après la cuisante défaite qu’il avaient infligée à l’ennemi au large de Reykjavik, les revoici donc prêts à remonter la Tamise jusqu’à Londres. Le bilan de ces accrochages au Sud-Est de Southend avait déjà coûté à l’ennemi un croiseur léger, quatre destroyers et deux sous-marins. Aucune perte allemande. L’amiral s’entendait déjà, détaillant ce bilan devant le Führer en joie et ses concurrents déconfits.

- Vivement Noël ! se redit-il pour la centième fois en jetant un coup d’œil au calendrier.

Puis il se prit à envier, lui-même, ses hommes du 8.Sicherrungsflottille Kampfgruppe Jörmungand , qui luttaient pour leur patrie, loin du marigot berlinois. De sacrés marins en vérité. S’il avait eu un fils, c’est dans cette flotte qu’il eût voulu le voir combattre.