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Heinrich Von Forstner
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Mer 15 Déc 2010, 08:54
Pour ceux qui aiment l'écriture et participent à des concours de nouvelles, j'ouvre cette rubrique.
Le texte qui suit m'a valu une (petite) récompense l'an passé.
Comme il touche au sujet qui nous concerne (WWII), je le livre ici. J'en ai d'autres...

À vos plumes.

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Ecrit pour le concours Bibliopolis 2009 - Thouaré sur Loire.
Thème : " La Chanson"



Le doux chant des Sirènes

Jungle de Guadalcanal – Novembre 1942

La pluie tropicale qui tombait depuis des heures avait transformé en marécage infect tout le terrain. Une humidité maximale enveloppait toute l’épaisse végétation, dégoulinait de partout, et la petite troupe qui pataugeait dans l’eau jusqu’aux genoux peinait à avancer. Le champ de vision réduit à dix mètres à peine, tous les sens en éveil, le sergent Ulysse Spalding leva un bras et commanda l’arrêt de la progression. Il tenta de faire le point, ses doigts poisseux suivant une approximative ligne sur la carte détrempée. Derrière lui, le caporal Few se rapprocha.
- Sergent…
Spalding se retourna.
- Je crois qu’on est paumé Sergent…
- Ferme-là, Few !... La rivière est forcément là-bas devant nous et en la suivant plein Nord nous finirons bien par tomber sur les nôtres…
Few, un petit sourire ironique aux lèvres regarda autour de lui l’étendue d’eau, tenta vainement d’allumer une cigarette trop humide et ajouta :
- On a les pieds dans la flotte depuis des heures… Si vous arrivez à voir où est cette foutue rivière, vous êtes très fort… À mon avis on a obliqué vers l’Est. On fonce droit chez les Japs… J’vous dis qu’on est paumé Sergent…
- Tu gardes ta chanson pour toi, Few… Les gars vont commencer à paniquer s’ils t’entendent. La rivière est devant nous, je suis sûr qu’elle n’est pas loin…

Le jour déclinait. La nuit qui allait tomber dans quelques heures, allait rendre plus oppressante encore leur situation. Cette pluie qui ne cessait pas, le manque de visibilité, les bruits de la jungle et l’environnement hostile où l’homme n’a pas sa place ; Spalding n’était plus très sûr de ce qu’il devait faire. Ce fouteur de merde de Few avait peut-être raison. Spalding avait hâte de terminer cette patrouille et de ramener son monde au bivouac avant que Few et ses remarques n’aient réussi à lézarder la confiance que ses hommes avaient en lui. Les jeunes Marines d’à peine vingt ans n’en menaient déjà pas large. Il y avait un monde entre le camp d’entrainement et la réalité.
Spalding donna l’ordre de se remettre en route et prit la tête de la colonne, le doigt sur la détente de sa Thomson. Il remarqua peu après que la pluie diminuait d’intensité et interpréta ce signe du ciel comme une bonne nouvelle.
Le petit groupe de Marines n’avait pas fait cent mètres qu’il s’arrêta de nouveau, leva un bras et se blotti contre un gros tronc tandis que les autres faisaient de même, les fusils pointés vers d’invisibles cibles. Il entendit le floc-floc de Few se rapprochant en pataugeant lentement dans l’eau. Sans mot dire, il lui fit signe d’écouter.
- Qu’est-ce que c’est ?... questionna Few à voix basse.
- J’en sais rien… Ecoute : on dirait une chanson.
À travers le bruit de fond de l’eau de pluie qui dégoulinait des branches et des feuilles, on percevait comme une mélopée. Un chant encore lointain mais clairement audible, et qui signait une présence humaine.
- On dirait un chant mélanésien, non ? reprit Few.
- J’ai rien sur la carte. Il doit y avoir un village pas loin, pourtant.
Spalding maudit les scribouillards de cartographes de l’arrière qui n’avaient pas fait leur travail correctement, comme d’habitude. Par sécurité, ils attendirent une dizaine de minutes, tapis derrière les grosses racines des banians. Le chant ne faiblissait pas. Même s’ils n’en comprenaient pas les paroles, cette chanson avait un effet étonnant. Les voix féminines simples, répétitives, le calme qui s’en dégageait et la beauté de la mélodie paraissaient irréelles dans cette jungle. Il y avait un indéniable effet apaisant qui s’en détachait.
Les hommes ne paraissaient plus effrayés et les sourires se lisaient à nouveau sur leurs visages. Dans un village ami à proximité, et malgré la guerre, la tension, la peur, ils allaient trouver un refuge sûr pour la nuit. Cette halte salvatrice leur permettrait de dormir au sec et de se remettre en route demain pour rejoindre leurs camarades. Pour ces petits gars qui venaient de bleds perdus du Kentucky, du Tennessee ou d’Alabama, le périple qu’ils avaient accomplis depuis des mois leur offrait l’occasion d’une découverte inattendue en pleine jungle.
Spalding se surpris même à fredonner l’air de la chanson. Il serait presque resté là à écouter mais quelque chose d’étrange l’attirait vers cette musique. Une curiosité insatiable le tenaillait. Spalding sortit de ses pensées lorsqu’un de ses hommes lui demanda.
- Qu’est ce qu’on fait Sergent ? On y va ?
Tous semblaient en confiance. Il n’y avait qu’à se laisser guider par la chanson pour parvenir au village. Ils y seraient dans dix petites minutes. Même Few, d’habitude si méfiant et toujours prêt à prendre le contrepied de ce qu’il disait, paraissait transformé.

La colonne se remit en marche. Le chant les guidait, ils avançaient toujours lentement mais sans crainte désormais. À leur grande surprise, ils furent bientôt hors du marécage. Le chant paraissait plus clair maintenant. Les paroles leur parvenaient nettement. Ils se sentirent irrémédiablement attirés vers une grande étendue herbeuse, une clairière au loin, dont ils voyaient encore peu les contours, mais où le village devait se trouver.
Les hommes avaient tous baissés leurs armes, confiants, insouciants, comme subjugués par cette complainte venue d’ailleurs. Spalding souriait. Ces voix lui rappelaient chez lui, quand Pénélope, sa jeune épouse, chantait doucement une berceuse pour que s’endorme leur jeune fils. Il éluda la pensée que le destin ne l’avait peut-être pas dirigé ici par hasard. Il n’avait pourtant pas oublié le départ de son unité de San Francisco, sous les chants et les hourras de la foule massée sur les quais. Leur périple dans le Pacifique ressemblait aussi à une Odyssée. Puis ils avaient débarqué à Guadalcanal sur un navire portant le nom d’Argos. Eux aussi avaient, en quelque sorte, combattu les Troyens, vaincu le cyclope, déjoué les pièges de Circée, échappé aux Lotophages. Eux aussi étaient condamnés à errer sur les mers et les terres hostiles avant de pouvoir rentrer chez eux. Cela durerait-il vingt ans ?

Ils étaient maintenant tout proche du village. Ils allaient enfin découvrir d’où provenait ce chant merveilleux. Ainsi leur curiosité et leur soif de découverte allaient bientôt être satisfaites. Il y a cependant des choses que l’esprit humain ne peut expliquer ni concevoir.

Ulysse Spalding n’avait pas eu l’idée de boucher les oreilles de ses hommes avec de la cire, et lui-même n’avait pas été entravé par des liens qui auraient pu l’empêcher d’avancer.
Leur équipée s’acheva comme un navire fonçant droit sur des récifs.
La dernière phrase qu’il comprit de ce chant des sirènes fut un « Banzaï ! » s’échappant de cinquante poitrines tandis qu’une baïonnette lui perforait l’estomac.

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Mer 15 Déc 2010, 09:02
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Bravo !
Heinrich Von Forstner
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Mer 15 Déc 2010, 09:19
Une autre... J'ai raté le podium de peu (5ème sur 106 participants). Toujours dans la même veine.

Concours Bibliopolis 2010 - Thouaré sur Loire
Thème : "Jour de fête"

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Soleil levant


Kimiko s’éveilla en entendant des bruits dans la cuisine. Il était tôt, six heures trente du matin, mais sa mère et sa grand-mère s’activaient déjà depuis un moment devant le fourneau. Tenaillées par l’anxiété et la préparation du repas de noce, les deux femmes n’avaient presque pas trouvé le sommeil de la nuit et s’étaient rapidement mises au travail, sitôt le lever du jour.
Tout devait être parfait. Les convives ne devraient manquer de rien malgré le rationnement, les privations et la situation de pénurie chronique dans laquelle le pays tout entier était plongé depuis deux années. Il avait fallu déployer mille stratagèmes pour se procurer tous les ingrédients nécessaires au repas. Il ne restait que quelques produits frais à aller acheter au marché ce matin.
Aujourd’hui, madame Yashimoto mariait sa fille unique et il fallait que cela soit un grand jour.
Kimiko quitta sa chambre et se dirigea vers la cuisine après avoir enfilé un kimono. Sa mère faisait revenir des oignons et une douce odeur de légumes cuits envahissait la pièce. Du riz achevait de refroidir tandis que sa grand-mère préparait déjà des galettes pour l’okonomiyaki.

« Bonjour Mère, bonjour Grand-Mère ! », lança Kimiko en s’approchant.
Madame Yashimoto tourna la tête en souriant. Elle déposa un rapide baiser sur le front de sa fille sans pour cela interrompre la préparation du kaisek ryôri.
« C’est bien, tu es levée tôt… Il y a beaucoup à faire. Nous avons encore le temps car la famille Iraoke n’arrivera que par le train de onze heures mais il faudra que tu sois déjà habillée et coiffée. Prends une tasse de thé, et va aider Grand-Mère à préparer les galettes. »

Kimiko sourit mais sa mère la reprit bien vite.
« Tu sais que sourire et montrer de la joie le jour de son mariage porte malheur ! »
Elle allait devenir aujourd’hui l’épouse de Tatzuo Iraoke. Ce jeune homme, caporal dans une unité de défense anti-aérienne de la région de Kobe, avait eu une permission exceptionnelle aujourd’hui, pour venir se marier. Il avait été en garnison ici l’an passé et c’est ainsi qu’il avait fait la connaissance de Kimiko. Ils s’étaient rencontrés plusieurs fois en présence de madame Yashimoto et Tatzuo avait eu l’autorisation d’inviter Kimiko à des promenades aux alentours, ainsi qu’à des pique-niques au bord de l’eau. Peu après, Tatzuo avait été muté à Kobe au grand désespoir de Kimiko. Il s’étaient écrit régulièrement et s’étaient fiancés quelques mois plus tard. Répondant aux sollicitations pressantes de ses parents, Tatzuo était venu un dimanche dans son plus bel uniforme, demander la main de Kimiko. Madame Yashimoto accepta avec bienveillance. Son mari était mort dans le naufrage de son cargo, coulé près des Philippines par un sous-marin américain en 1942, et elle assurait seule les responsabilités de la famille. Il fallait de nouveau un homme dans cette maison.
Kimiko n’était pas très jolie malgré ses vingt-trois ans, manquant de finesse et ayant peu d’esprit, mais elle avait pour principale qualité la discrétion et les parents de Tatzuo avaient noté ce trait comme indispensable à toute bonne épouse. Tatzuo était un brave garçon, solide et en bonne santé. Il n’avait pas inventé l’eau tiède, comme le pensait madame Yashimoto, mais il était sérieux et de bonne éducation. Il ferait un bon époux pour sa fille. Les deux familles s’entendirent sur les modalités mais le deuil familial devrait être respecté pendant un an encore avant de pouvoir célébrer la noce car le jeune frère de Kimiko, Shinji, venait d’être tué au combat à Guam.

Une année s’était maintenant écoulée depuis la demande officielle. Les sentiments des tourtereaux étaient toujours intacts. Leur mariage pouvait être désormais célébré dans les règles. Lorsque tous les proches seraient là, le cortège monterait jusqu’au sanctuaire Shinto où un prêtre les unirait. Revêtue du Shiromuku que sa mère avait conservé de son mariage, la superposition de cinq kimonos blancs très fins ornés de motifs symboliques, Kimiko prononcerait ses paroles d’engagement. Tatzuo ferait de même avec beaucoup de solennité. Puis viendrait le moment du repas de noce où amis et voisins étaient conviés, et on se laisserait enfin aller à fêter bruyamment cette union.
On avait prévu d’installer des tables supplémentaires dans le petit jardin, faute de place à l’intérieur de la maison. Il importait de montrer que, malgré les circonstances, la guerre, les morts et les destructions, c’était un jour de fête. Deux honorables familles japonaises mariaient leurs enfants sous la protection du descendant divin, l’Empereur Hiro-Hito.

À peine quelques minutes s’étaient écoulées, que retentirent dans toute la ville, les sirènes d’une alerte aérienne. Les trois femmes s’arrêtèrent un instant. Madame Yashimoto blêmit. Pouvaient-elles abandonner les préparatifs du repas pour suivre tout le monde vers les abris ? Elles perdraient un temps précieux si l’alerte devait durer des heures. Mais madame Yashimoto pouvait-elle faire courir un risque à la grand-mère et à sa fille en cas de bombardement américain ?
Elle réagit promptement et prit cette décision : sa fille devait être préservée, c’était ce qu’elle avait de plus précieux au monde désormais. Elle devait se rendre à l’abri souterrain tandis qu’elle et la grand-mère resteraient à la maison. Les bombes américaines tomberaient bien ailleurs que sur elles ! Il fallait poursuivre sans tarder la préparation du repas.
« Lorsque l’alerte sera terminée, il faut que tu ailles acheter quelques fruits : je les ai réservés hier à Monsieur Takeyama et il m’a promis de me les garder sachant que c’était pour ton mariage. Il faut bien avoir quelques privilèges aujourd’hui ! Il faut que tu achètes aussi quelques gâteaux pour les invités. Je pense que des gâteaux au gingembre confit ou des daifuku leur feront plaisir… J’espère que nous aurons assez de saké car Monsieur Miyazaki boit comme un tonneau sans fond… Achète donc aussi deux autres bouteilles !... »

Kimiko nota les recommandations de sa mère et sortit. Elle croisa beaucoup de monde dans les rues. Disciplinés, les Japonais se rendaient par familles entières dans les abris, sans beaucoup d’appréhension et Kimiko fut rassurée. La ville avait été relativement épargnée depuis le début de la guerre et ici on se sentait un peu plus en sécurité. Des vagues de bombardiers la survolaient souvent pour aller jeter leurs engins de mort plus au Nord, on était habitués aux alertes. Arrivée à l’abri, on lui assura qu’il n’y avait qu’un seul avion ennemi repéré, juste un appareil d’observation à haute altitude. La fin de l’alerte fut annoncée rapidement vers sept heures trente et tout le monde reprit son chemin et ses occupations.

Kimiko se remit en route, flânant entre les échoppes qui ouvraient à peine. Le ciel était clair, la journée serait belle. Il commençait déjà à faire chaud. Un peu plus loin, alors qu’elle venait d’arriver au marché, elle aperçut des policiers qui regardaient en l’air et criaient en brandissant le poing, accompagnant leur geste d’une bordée d’injures. « Amerikajin !… Amerikajin !… »
Kimiko leva les yeux, il lui sembla à peine distinguer le trait blanc marquant le sillage d’un autre avion ennemi survolant le ciel japonais, et qui venait de faire demi tour pour s’éloigner à 30.000 mille pieds d’altitude vers les siens.
« Un avion seul, quelle importance… Mais que pouvons-nous contre leurs avions ? » se dit-elle. « Ne nous laisseront-ils donc jamais en paix ? Sous leurs bombes, nous ne sommes que des fourmis livrées au hasard. »
C’était un temps à aller à la plage, à bronzer sur le sable chaud. Une belle journée d’août. Elle pensa à son repas de noce, au sourire de Tatzuo, aux invités, au saké qui coulerait à flot et scellerait leur union. La guerre, certes, était présente chaque jour et sa famille avait déjà été très éprouvée. Mais Tatzuo était son avenir. Ils fondaient une famille, ils auraient des enfants. L’avenir était à eux. La paix reviendrait bientôt, il n’en fallait pas douter. Il fallait continuer d’espérer malgré les mauvaises nouvelles.

Et puis, que pouvait-il bien arriver de terrible aujourd’hui, en ce matin du 6 août 1945, dans le ciel d’Hiroshima ?…

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J'en suis venu à bout avec mon café du midi et bon dieu c'est vachement bon.
Belle plume assurément.
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Mar 21 Déc 2010, 18:07
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