[Multi] - La 5ème colonne

Le major Gottfried Dorpmüller se hâtait dans les rues de Kiel. Dans son uniforme impeccable de la Kriegsmarine, tiré à quatre épingles, il s'engouffrait dans sa Volkswagen Kdf grise, et démarra en trombe vers les quartiers portuaires. Après dix minutes seulement, Dorpmüller s'arrêta devant un vieil immeuble des années dix qui demandait à être ravalé. Machinalement en descendant de sa voiture, il regarda par-dessus son épaule, pour s'assurer encore une fois qu'il n'avait pas été suivi. Enfin, il pénétra dans le hall d'entré, et gravit les marches de l'escalier jusqu'au dernier étage.

Quatre portes se présentaient sur le pallier. Il sortit une clé de sa veste, et ouvrit la serrure de la porte de gauche. L'appartement était désert, et pauvrement meublé. Depuis la cuisine, un poste radio ronronnait une douce chanson en vogue chantée par Marlène Diétrich. Dorpmüller pénétra dans le salon, tira les lourds rideaux bruns pour s'isoler des regards indiscrets, et approcha une chaise sous une trappe au plafond. Il souleva cette dernière et se hissa dans le grenier.

Un homme en chemise blanche crasseuse, trappu, visage rond arborant de petites lunettes noires perchées sur un nez aquilin, était occupé à déchiffrer un tas de paperasse. Devant lui sur la table, un émetteur-radio qui grésillait doucement. L'homme sans se retourner salua Gottfried...



"_ Salut, Dorpmüller. Tu ne devais venir que dans une heure. Tiens, regarde ce que je viens de recevoir de notre source chez "Arsenal Germania", ça vaut le détour!

_ Pas le temps, Franz! Ce qui m'amène ici est bien plus urgent! Nous avons toujours nos contacts à Amsterdam?

_ Euh... la Résistance? Ou bien Gustav Franckel au QG?

_ La résistance...! trancha Gottfried.

_ Oui... Qu'y a t-il Dorpmüller. Tu m'fais froid dans l'dos!

_ Pas l'temps! Envoie ça à la résistance à Amsterdam! Tu te souviens du morse!? Vas-y, tape..."


Le gros Franz, balaya du revers de sa main les documents étalés devant sa table. Il approcha ensuite son émetteur-récepteur, prit son casque pour le visser à ses oreilles, approcha son manipulateur, s'alluma une cigarette, et regarda Gottfried dans l'attente du texte.


"_ Envoie-ça à Amsterdam, Franz, qu'ils relaient ensuite à Londres: "Sous le soleil se repose le mamba... Mais le serpent est affamé"...

_ Et... C'est tout?

_ Oui, pour le moment. Préviens-moi dès que tu reçois une réponse. Ensuite, si notre contact s'annonce, nous lui ferons parvenir un document par voie de terre. J'ai de bon contact au sein du "Ministère des Transports". Il faut impérativement que les alliés soient au courant."