Tentative de forcer le blocus de Brest.

23h30, le 18 novembre 194*, port de Brest, embouchure de la Penfeld, Ernst Kartoffel, piaffe d'impatience sur la passerelle du "Der Spiegel", un chalutier armé, SON chalutier armé, son premier commandement.
Ernst, dans l'après-midi s'était rendu à l'amirauté afin de déposer son plan de navigation. Venant de prendre son premier commandement, il avait hâte de faire connaissance avec son bâtiment, découvrir comment il tenait la mer, bravait les vagues, se faufilait entre elles afin de chasser les navires marchands britanniques.
Après avoir patienté pendant presqu'une heure, il fut reçu par un jeune Oberleutnant z. S qui l'informa que son plan de navigation était refusé.
Impossible de prendre la mer, le goulet est fermé par une forte escadre anglaise!!!
Si Ernst souhaitait faire mumuse avec son petit chalutier, il pouvait naviguer entre Pen Ar Veur et Lanvéoc Poulmic en faisant des exercices de tir sur l'Île Ronde…
Sur cette dernière information et avec un sourire méprisant, Ernst s'était fait congédier par l'enseigne.
Depuis, fumant cigarette sur cigarette Ernst râlait, accablant de mots divers et variés, autant les britishs que le jeune fat, ou les incapables de pilotes de la Luftwaffe qui ne faisaient rien pour ouvrir la porte du plus grand port de l'Atlantique.
23h45,
Une moto s'arrête en pétaradant devant la passerelle. Son pilote, un Matrosengefreiter se fait mener par le planton jusqu'à Ernst, et lui remet une enveloppe scellée accompagné d'un salut.
Ernst, fortement énervé, décachette l'enveloppe et prend connaissance du texte.
"Ordre est donné au Der Spiegel de se faufiler à la faveur de la nuit en dehors du goulet afin d'apprécier la possibilité d'une sortie ayant pour but de forcer le blocus".

23h50
"Enfin, on bouge!!" pensa Ernst en lisant cette courte phrase.
Tout de suite une autre pensée lui vint en tête:
"Mais ils sont fous ou alors ils tentent un coup de chance! Je ne connais pas mon bâtiment, mon équipage, je suis sans expérience du combat et des courants de la zone, et l'on me donne l'ordre de faire une sortie pour apprécier les forces en présence? Mais c'est un ordre de suicide ça!"

Ernst était un soldat avant tout, un ordre était un ordre, et, quelque soit l'idéologie, un soldat se doit d'obéir. Après tout, si Ernst voulait un jour pouvoir intégrer un U-Boot, il allait devoir faire ses preuves auprès de l'amirauté.

Ordre fut donné au planton de faire sonner le rappel aux postes de manœuvres.
Heureusement, aucune sortie à terre n'avait été accordée, l'équipage était donc au complet et le bâtiment pourrait appareillé dès que les machines seraient chaudes, ce qui pour un chalutier diesel ne prendrait pas plus d'une heure.

01h00
Les moteurs étaient chauds, l'équipage aux postes de manœuvre, les deux pointes et un traversier furent largués, et la large hélice se mit à battre en marche arrière.
Le deuxième traversier fut largué, le "Der Spiegel" s'éloignait lentement du quai en marche arrière.

"La barre à tribord toute! Marche avant toute !, La barre à bâbord toute! Marche arrière toute!, La barre à tribord toute! Marchand avant toute !"

Pour la première fois Ernst donnait les ordres nécessaires à un demi-tour pour son propre navire, la sensation aurait pu être grisante, si le danger n'était pas bien réel. Tenter une sortie du blocus imposé au port de Brest avec un chalutier, était presque du suicide.

"En avant un quart, gouverner au 160!"
Le bâtiment mit le cap vers les passes Nord, les plus adaptées pour prendre la route du goulet.
A peine sorti du port, le chalutier se mit à rouler légèrement d'un bord sur l'autre assez lentement. Cette sensation, différente de celles que l'on éprouvait avec un navire de guerre plus rapide déstabilisa Ernst. "Et si à pleine vitesse cette coquille de noix roulait encore plus" se dit-il. "Arriver à toucher une cible avec les canons relèvera du miracle! J'espère que les canonniers sont bons!"

"Commandant, nous sommes en vue du fort du Minou! Nous pouvons voir deux chalutiers et au moins six destroyers dans le 180".

L'information avait retenti sur la passerelle, Ernst prit ses jumelles et les braqua dans l'azimut indiqué. La nuit était noire, légèrement éclairée par une demi-lune, et, effectivement, dans le lointain, on pouvait distinguer les silhouettes qui se découpaient sur l'horizon.
Un frisson d'exitation, ou de peur, Ernst ne put le déterminer, lui parcouru l'échine.

"Tout le monde aux postes de combat! Servants des canons en position, machine en avant lente, bosco, longez la côte, attention à ne pas nous échouer, nous allons essayer de nous faufiler. Deux vigies à tribord, deux à bâbord, deux dans le 180, et identifiez et comptez les gars!"

Les ordres étaient donnés, le silence se fit, seul le ron-ron du diesel se détachait dans le silence de la nuit et le clapotis de l'eau. Tout le monde était attentif, Ernst, ne put s'empêcher de penser:" On fait un boucan digne des Walkyries, on va en prendre plein la G…!"

06h00
La mission s'était parfaitement déroulée, le "Der Spiegel" avait su se faufiler entre les différents navires présents, se jouant de l'obscurité et des ombres déchiquetées de la côte bretonne pour passer inaperçu au sein de cette formidable armada Alliée. Pas moins de 8 navires avaient identifiés à la sortie du goulet, et, les silhouettes, d'au moins cinq autres navires avaient pu être aperçues avec suffisamment de détails pour que l'identité des bâtiments puisse être établie.
Ernst était satisfait, son navire répondait parfaitement, l'équipage savait ce qu'il faisait, et compensait largement le manque d'expérience de son commandant.
Il ne restait plus qu'à rentrer au port.

06h03
Deux explosions sur tribord au niveau de la ligne de flottaison soulevèrent deux gerbes d'eau.
Le Klaxon d'alerte retenti, "En avant toute, gouvernez au 285, armez le canon, et tenez vous prêts à faire feu!"
Par le tribord la silhouette d'un chalutier britannique était illuminée par la rougeur de son unique canon indiquant un départ d'obus. Trois nouvelles gerbes d'eau furent soulevées à la poupe du "Der Spiegel", mais, suffisamment loin pour qu'aucune goutte d'eau ne retombe.
Soit les artilleurs british étaient mauvais, soit une bonne étoile veillait sur le bâtiment allemand.

06h12
Le "Der Spiegel" remontant sous la pointe du minou réussi à se fondre dans le peu d'obscurité que l'aube étendait sur les flots.
Ernst prit conscience que durant les neufs minutes qu'avait duré cette fuite, il avait serré dans sa main droite son quart de café et l'avait presque écrasé. Du café brûlant avait même débordé, coulant sur sa main, sans même qu'il eut ressenti la moindre douleur. Sa nuque était trempée, et, non, il ne pouvait pas avoir eut peur. Quoique, ce premier engagement l'avait complètement surpris tant la tension générée était inattendue. Ernst pensait être prêt au combat, et, là, sur la passerelle de son premier commandement, il se rendait compte qu'il n'était absolument pas prêt. Sitôt de retour au port, après s'être présenté à l'amirauté pour faire son rapport, il demanderait à être placé au sein d'une flottille d'entraînement.

06h26
Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii BANG! Un gigantesque coup de butoir ébranle la structure du navire, des cris, une colonne de feu s'élève de l'affut du canon juste derrière la cheminée. La vitesse diminue, le "Der Spiegel" est touché!

06h29
Siiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii BANG! Un nouveau coup de butoir fait tembler le navire, le soulevant presque sur l'arrière. Une partie de la poupe est arrachée par l'obus qui vient de frapper le "Der Spiegel", juste au dessus de la ligne de flotaison.
Le rapport d'avarie qui parvient jusqu'à Ernst fait état de machine noyée, gouvernail ne répondant plus, et forte gite arrière. La mort dans l'âme, La décision d'abandonner le navire est prise.
Les trois canot sont mis à la mer, une vingtaine d'homme embarquent avec Ernst, les quinze autres sont morts.
Ernst regarde son navire qui dérive en direction de la pointe des espagnols, lorsqu'un nouvel obus vient toucher le bâtiment en son milieu juste au dessus de la ligne de flottaison. C'est le coup de grâce, le "Der Spiegel se casse en deux.

07h11,
Les deux parties du pauvre vaisseau s'enfoncent dans les eaux: le "Der Spiegel" a coulé!

[HRP]
Si les commandants des bâtiments m'ayant tiré dessus veulent apporter leur part de prose, le post leur est maintenant ouvert.
Le 18/11 à 07h11 : Waterhen (Destroyer classe L et M) nous a tiré dessus et nous a touché !
Le 18/11 à 07h11 : Waterhen (Destroyer classe L et M) nous a coulé !!
Le 18/11 à 06h29 : Oswald (Destroyer classe A et B) nous a tiré dessus et nous a touché !
Le 18/11 à 06h26 : Colombo (Destroyer classe J-K-N) nous a tiré dessus et nous a touché !
Le 18/11 à 06h03 : Woodpecker (Chalutier armé ASM) nous a tiré dessus mais nous a raté.
Le 18/11 à 06h03 : Woodpecker (Chalutier armé ASM) nous a tiré dessus mais nous a raté.
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HRP: Les commandants anglais cités sont des PNJ!