Retrouvailles

L’atmosphère est moite et humide dans ce bureau aux murs de béton de ces bâtiments construit à la va vite dans l’urgence de la guerre. Les palles du ventilateur coupe tranche à tranche l’air épais comme du manioc. Dans le ronron cadencé du ventilateur seul quelques pages frémissent sur les armoires basses qui contiennent les dossiers de milliers de soldats qui n’attendent qu’un ordre pour aller mourir pour leur patrie, comme de bons petits moutons qu’on apporterait à l’abattoir se faire dépiautés. Sur une vielle chaise pivotante en bois, un capitaine nouvellement promu, affecté à ce port et fraîchement arrivé d’Angleterre en avion attend l’arrivé du commandant en charge du port militaire de Casablanca. L’homme d’une vingtaine d’années n’a pas vraiment le look militaire, le pantalon beige doit être le seul élément de son uniforme utilisé plus ou moins correctement. Une chemise rouge, qui baille hors du pantalon, est à moitié ouverte sur un T-shirt noir ou trône un croix en argent qui pend autour de son cou et à la quel sont également attachés ces insignes de capitaine et son numéro de matricule. Un large bandana beige a pris la place de la casquette réglementaire et jette en arrière ces cheveux châtain clair mi-longs. Aux pieds, pas de bottines mais des chaussures de sport en toile beige finissent le tableau peu commun.

Soudain la porte s’ouvre sur l’officier supérieur qui, sans un mot, vient s’asseoir à son bureau. Erwan dévisage l’homme d’un certain age qui sue dans son uniforme trop serré, qui lui colle à la peau, la chaleur laisse des traces qui suintent sur cet uniforme. Lentement Erwan vient se rasseoir sur la chaise qui pivote toujours… les mains dans les poches et mâchant toujours son bout de gomme rose, il attend de longues minutes qui l’officier daigne lui adresser la parole.

Capitaine Lafleur je présume… finit enfin par lâcher l’officier.

Oui m’sieur…

A ces mots le commandant s’arrête d’écrire et se redresse, l’air peu habitué par ce genre de réponses. On a sans doute oublié de vous enseigner le respect envers vos supérieur, capitaine. Ici on m’adresse la parole en disant oui mon commandant… suis-je bien clair capitaine ? Erwan ne répondis pas. Mais il me semble qu’à la lecture de votre dossier ce n’est pas la première fois que vous manquez à assimilés certaines de ces règles. L’officier replongea ces yeux dans une farde en carton d’un vert pâle. Forte tête hein… coups et blessures envers un officier supérieur… refus d’obtempérer à un ordre émanant d’un supérieur directe…vols de matériel militaire… un mois de prison… et puis… l’officier marqua une pause… libérer après dix jours et décorer pour acte de bravoure au combat…mmm ??? L’officier dévisagea de longues secondes le nouveau venu quand celui-ci ce leva, toujours mâchant son chewing gum.
Pour le vol de matériel je plaide non coupable votre honneur… ce voilier appartenait à notre famille depuis des années… fit Erwan sur un ton agacé… Et puis si c’était pour me lire mon dossier ils auraient pu m’envoyer dans un autre trou que celui-ci…

A ces mots le commandant se dressa comme un « I ». Il fit le tour du bureau et tout en pointant un doigt accusateur sous le nez du nouveau capitaine lui cria…

Capitaine Lafleur, sachez que ce trou comme vous dite et une des bases les plus importante pour les alliés et que si on m’avait demandé mon avis je n’aurais sûrement pas signer votre transfère sous mes ordres… vous croyez peut-être que je n’ai pas assez de soucis comme ça pour qu’on ne m’envoie un petit con, fils à papa qui n’en fait qu’a sa tête…

Ben justement on ne vous demande pas votre avis… alors vous me filez un navire et vous me lâchez la grappe ok…

OU QUOI capitaine… ce sont des menaces… je vous prévient qu’ici vous n’aurez pas le soutient que vous avez pu avoir en Angleterre, le seul maître à bord ici c’est moi et puisque vous le prenez sur ce ton je m’en vais vous faire un rapport du tonnerre… Erwan avait écouté sans sourciller le commandant qui était devenu presque pourpre à force de s’énerver. Mais le supérieur n’eu pas le temps de finir sa phrase qu’Erwan lui attrapa son doigt et, tordant sa main et son bras, plaqua son supérieur la face la première contre son bureau. Le vieil homme essaya de se débattre mais la jeunesse du nouveau capitaine gardait le dessus. Puis se penchant par-dessus l’officier il lui dis sur un ton très calme…

Ecoute moi bien papy, tu commence à me les briser menu alors si tu continue, tu va avoir de bonnes raisons pour l’écrire ton rapport pour insubordinations… vu ?
Erwan lâcha d’un coup l’officier qui ce retint d’intervenir plus en avant jugeant que le nouveau aurais encore la force de le mettre hors de combat. Le capitaine se dirigea alors vers la fenêtre. Par la fenêtre du bureau on pouvais baisser les yeux sur des milliers de fourmis besogneuse qui courent, qui courent partout et n’importe ou. Chaque homme semble avoir un travail d’une importance extrême à faire au vu de la vitesse à la quel ils se meuvent.

Maintenant je vais vous dire que je n’ai pas demandé non plus à finir dans ce trou à rats commandant. Si on m’envoie ici, c’est parce que j’ai un caractère de tête brûlé.

Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule et revenant ensuite s’asseoir face au commandant de la base il termina sur un ton des plus calme en fixant de ces grand yeux vert émeraude l’officier…

A Londres, le haut commandement m’a d’ailleurs fait comprendre que j’étais censé retrouver ici un capitaine tout aussi barjot que moi pour partir en mission… alors si vous pouviez avoir la bonté de me donner le nom de ce capitaine et le lieu ou je puis le retrouver, je vous laisserais à votre bureau miteux et vos paperasse.

Le commandant de la base mis de longues minutes à répondre, restant la assis derrière son bureau à jauger son interlocuteur aux manières fort peu conventionnels et qui n’avait pas sa langue en poche.

- Voyez-vous, ce capitaine se trouve actuellement dans ce bâtiment.

Le vieil homme posa la main sur l’interphone pour appeler son secrétaire

- M.Parkan, veuillez trouver et m’amener le capitaine Lafleur dans mon bureau…

Quelques minutes plus tard, le secrétaire fit entrer une jeune femme dans le bureau.
Manon était plutôt petite, avec une longue chevelure rousse aux reflets dorés qui lui tombait dans le dos. Contrairement à son frère, elle portait l’uniforme réglementaire des capitaines de la marine : un pantalon de toile et une chemise du même tissu d’un brun pâle recouvrait sa peau claire, cachant en partit les attributs féminins de la jeune femme. Quand elle entra dans le bureau, ses yeux se posèrent sur Erwan… Mais comme elle croyait son frère mort, en plus de ne pas l’avoir vu depuis des années, elle ne le reconnut pas… Mais elle le regarda avec ses grands yeux, s’attardant légèrement sur la tenue hétéroclite, et scrutant attentivement les cheveux châtains mi long « comme ceux de mon frère Erwan » pensa-t-elle

- Capitaine Lafleur ! cracha leur supérieur d’un ton brusque

Oui monsieur ! dit Manon, se raidissant au ton de la phrase, avant d’effectuer un salut militaire parfait

Cette acte étonna Erwan, qui était habitué à voir sa sœur aussi têtue qu’une mule et supportant mal les ordres…Une Lafleur en bref…

- Monsieur, je vous prierais de sortir… dit le vieil homme en s'adressant à Erwan d’un ton mielleux

Avec un regard de haine pour le vieil homme, Erwan fut contraint a sortir…
Il y eut un silence entre Manon et son supérieur, un silence gênant. Le vieil homme se demandait comme entamer la conversation, et Manon avait peur qu’on la réprimande si elle parlait sans invitation.

- Alors capitaine Lafleur… dit l’homme pour rompre le silence pesant, J’ai appris que vous aviez posez une demande pour acquérir un nouveau bâtiment de combat.

On vous a bien renseignez, répondit-elle d’un ton prudent

- Vous serez heureuse d’apprendre qu’un patrouilleur de type SC va bientôt être fini dans les chantiers navals de Oran. Si vous pouviez faire y faire un tour je suis sûr qu’ils vous laisseront prendre le commandement de ce navire…

Les yeux de Manon se mirent a pétiller, déjà impatiente de prendre le contrôle de ce nouveau bâtiment… Cela dit, quelque chose la taraudait

Monsieur, si cela ne vous semble pas indiscret… Qui étais cet homme dans votre bureau quand je suis arrivée ?

Le bureau du secrétaire du commandant était presque plus grand que celui du commandant lui-même. Le long des murs, les mêmes armoires basses, les mêmes dossiers, la même odeur de fumé de cigarette. Dans un coin, un vieux et grand poste radio en bois laqué fit briller les yeux d’Erwan. Il s’en approcha, touchant du bout des doigts les boutons libellé en allemands, et les deux gros boutons chromé qui sélectionne, qui la fréquence, qui le son. Erwan, sous le regard réprobateur du secrétaire, augmenta le volume
… un jazz entraînant, jouer par Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, sort des baffles et emplis la pièce. Accoudée au poste de radio, Erwan grille une clope et ferme les yeux pour mieux s’évader dans le passé.

Il s’évade au temps insouciant ou ils étaient enfants. Il se rappelle des heures passées à courir les rues et les champs avec Manon contre l’avis de leurs parents bien sur. En ce temps bénit où ils étaient libres de faire et de ne pas plaire… Manon… ah Manon ou sont passé tes manières de garçons ?... Je me souvient du jour ou le fils Gaulthier, un vrai tombeur ce gars la, à eu l’audace de te mettre la main aux fesses… Erwan sourit largement… le pauvre, à peine l’avait-il fait qu’il se retrouvait le cul par terre avec un œil au beurre noir et avec un aller simple pour chez le dentiste…
Erwan revit sa « petite » sœur (en fait Manon et lui étaient jumeaux, mais il l’a toujours appelée « petite sœur », réflexe protecteur d’un frère envers sa sœur) en uniforme parfaitement ajusté et ce raidissant au premier son émis par ce vieil acariâtre de commandant… Qu’a tu changé ma petite sœur, ou est passé la fille indépendante et un brin rebelle que j’ai connu ? Mais ce n’est plus une fille que j’ai vu devant moi dans ce bureau, non, c’est une belle jeune femme. Ah Manon tu à grandi trop vite et tu à mûri bien plus rapidement quoi moi je crois…

Erwan ouvrit les yeux et vit le secrétaire le regardé d’un air interrogateur. Erwan lui sourit et écrasa sa cigarette dans le cendrier du bureau.
Le commandant vous demande dans son bureau capitaine…fit pour la deuxième fois le secrétaire qu’Erwan, perdu dans ces pensé, n’avait pas entendu le première fois tout comme il n’avait pas entendu l’interphone du commandant.

A la radio les deux comparses finissent de jouer « Ain't Misbehavin' »…

On fit entrer de nouveau Erwan dans le bureau. Le commandant se leva, adressa un regard affectueux à Manon et un autre moins affectueux pour Erwan...

- Capitaines, des affaires urgentes m'appelent. Manon, ce capitaine sera votre équipier. J'ai appris que vous vouliez être mutée a Casablanca pour combattre le long des côtes Ouest de l'Espagne... C'est une zone dangereuse, et vous aurez toujours besoin de quelqu'un pour vous épaulez.

Manon posa son regard sur l'homme qui venait de s'asseoir à sa gauche... Voyant une nouvelle fois la coupe fantaisiste et l'uniforme, ou plutôt le simulacre d'uniforme, elle eut du mal à réprimer une moue de dégout.

Monsieur si je puis me permettre, je pense être capable de me débrouiller seule et...

- C'est un ordre capitaine Lafleur.

Elle ouvrit de nouveau la bouche, pour la refermer sagement et accepter les ordres.

- Maintenant, j'y vais et je vous laisse... hum... faire connaissance...

Il sortit, laissant les deux jeunes gens seuls dans la pièce. Un silence inconfortable s'installa... Puis Erwan lâcha laconiquement, d'une voix limite blasée :

- Tu as bien changé Manon tu sais...

La concernée lui adressa un regard perçant, chargée d'exaspération

Qui vous a permis de m'appeler par mon nom ? Et d'abord qui êtes vous ?

- Alors, on va en Atlantique comme ça ? continua Erwan, faisant semblant de n'avoir rien entendu.

Poussée à bout d'une patience tres limitée depuis le début de la journée, Manon se leva en un éclair et se pencha au dessus au dessus d'Erwan. Elle vérifia rapidement les galons de l'homme pour voir si elle ne commettait pas une bourbe, et commença a hurler :

Bon maintenant ça suffit ! C'est dèjà une plaie qu'on m'ai collé un bleu en équipier, vous allez pas faire de l'insubordination, alors présentez-vous immédiatement !

Erwan se leva à son tour avec un sourire en reconaissant une réaction qui n'avait jamais changé chez sa soeur. Puis il executa un salut militaire savamment négligé avant de dire :

- Capitaine Erwan Lafleur, au rapport Chef !

La manoeuvre eu l'effet escompter, et Erwan put voir sa soeur se figer momentanement, avant de demander d'une voix douce et tremblante :

Er... Erwan ? C'est t... toi ? Vraiment toi ?

L'homme serra sa soeur, qui se laissa faire et commença à sangloter au creux des bras de son frère qu'elle croyait mort depuis si longtemps...

Erwan... je n'arrive pas à y croire... murmura-t-elle entre deux sanglots... Oh Erwan...

Erwan enlaça sa sœur dans ses long bras et posa sa tête sur sa chevelure rousse. Il lui caressa la joue et essuya les larmes qui coulaient… Essayant tant bien que mal de contenir ces propres émotions, il lui glissa à l’oreille, sur ce même ton un brin moqueur qu’ils avaient toujours employé lorsqu’ils se parlaient étant plus jeunes…

Tu croyais tout de même pas que tu te débarrasseras de moi comme ça hein… petite sœur.

Et comme Erwan n’était pas un habitué des moments de tendresse, finalement il lui donna un baiser dans le cou, goûtant à nouveau cette peau douce et respirant le doux parfum de jasmin de Manon mais il se dirigea vite vers la fenêtre regardant au dehors pour ne pas montrer que sur sa joue aussi coulais une larme… de joie.

Comme ça je suis un bleu… c’est que mademoiselle dois être une experte alors… chef.

Sur le bureau du commandant Erwan attrapa les dossiers militaires des deux capitaines. Il tendis le sien à sa sœur et avait bien l’intention de lire celui de Manon. Comme ça tu sais ce que j’ai fait ces dernières année… tu peut poser toutes les question que tu veut… enfin presque… s’empressa t’il de rajouter, connaissant sa sœur c’était plus prudent et il lui fit un clin d’œil complice.

Erwan ouvrit le dossier de sa sœur. Rien de particulier ne s’y trouvait et cela étonna fort Erwan. Il tenait dans ces mains un dossier presque exemplaire digne de n’importe quel soldat imbécile qui suivait les ordres aveuglément. Erwan posa ces yeux un peu déçu sur Manon.
Dans son dossier d’aptitude psychologique Erwan vit que Manon avait tenté de s’engager dans les sous-marinier mais que celle-ci était sujette à des troubles entraîner par de la claustrophobie. Parcourant un peu plus en avant le dossier il remarqua tout de même deux, trois, cinq réprimandes pour attitude non conforme aux ordres sans avoir entraîner la perte d’autres navires. « Prise de risque inutile » lu t’il sur la bas d’une page. Erwan posa à nouveau les yeux sur sa sœur, cette fois avec un petit sourire en coin. Cette putain de guerre n’avaient pas totalement eu raison de son caractère et ces andouilles d’officiers de mes fesses n’avaient pas réussi à la changée totalement… pensa t-il en lui-même.
Finalement Erwan tomba sur un rapport de mission qu’il parcourut en diagonale comme les autres sauf que ces yeux furent attirés par une mention spécial.
« Le 01/03 à 18h56 : Nous avons coulé Nachtwut III (Type IA) »

Wow bordel, t’a eu un soum petite sœur ?… lâcha Erwan, sans aucune retenue, à l’attention de Manon…

Manon rougit lorsque son frère s’exclama

Oui… Une charge ASM a suffit à l’achever car le sonar avait révélé qu’il était déjà bien endommagé…

Un petit silence pesa sur la pièce, puis Erwan, en voyant sa sœur hésiter à ouvrir son dossier , demanda

- Alors tu te demandes pas ce que j’ai fait depuis tout le temps où on s’est pas vu ?

Si, si, mais… On a pas le droit de regarder ces dossiers non ?

- Et alors ?

Manon fut saisie d’un petit rire, puis reposa le dossier d’Erwan sans l’avoir ouvert

Aller, viens avant qu’on se prenne une semaine derrière les barreaux…


Ils arrivèrent devant la belle maison en bordure de la ville, a bord de la vieille 2 chevaux que possédait Manon. La maison était grande, avec 2 étages, et dotée de grandes fenêtres…

Et voilà mon petit chez moi

Petit ? pensa Erwan en marchand le long de l’allée d’une bonne centaine de mètres qui serpentait dans une vaste pelouse d’un vert clair et éclatant…

Ils entrèrent par une grande porte en bois. Bien que l’extérieur puisse laisser penser a un intérieur d’un style ancien, ce n’était pas le cas. La petite pièce d’entrée remplie de meuble de rangement donnait sur un couloir avec un plancher brillant. Ce couloir, doté de nombreuses portes tout le long, débouchait sur une grande véranda aux murs vitrés qui offrait une vue imprenable sur une petite plage de sable fin, qui semblait appartenir au domaine, et plus loin sur une mer calme, d’un bleu magnifique… La maison possédait une vaste cuisine encombrée de plats cuisinés par les cuisiniers personnels de Manon, qui par ailleurs employait pas moins de 3 cuisiniers, 2 femmes de ménage, 5 jardiniers pour entretenir le considérable domaine. Il y avait aussi une demi-douzaine de chambres, 4 salles de bain plus une petite qui était celle de la chambre de Manon, 2 bureaux, une buanderie, 1 grande salle à manger et quelques salles qui servaient d’entrepôts, quand elles n’étaient pas vide…

- Mais comment a-t-elle put s’acheter une telle maison ? Se demanda Erwan, tandis que Manon lui faisait visiter le vaste labyrinthe de salles.

Comme si elle lisait dans son esprit, la jeune femme lui dit

Cette maison appartenait a nos parents, ils ont été très content de me la céder, avec tout les domestiques, quand le commandement m’a mutée a Casablanca…

Ils arrivèrent tout 2 dans une sorte de petit salon, au premier étage, aux murs recouverts de lambris. Dans un coin, 2 canapés et quelques chaises entouraient une table basse. Il y avait quelques étagères, toutes remplies de livres. Pour finir, de nombreux tapis recouvrait le sol. Il y avait 2 portes au fond de la pièce.

Ma chambre et la tienne, précisa-t-elle

Elle ouvrit la porte de droite, celle de sa chambre. Erwan put voir un grand lit recouvert de couvertures de soie au centre de la pièce. Près de ce grand et luxueux lit une petite lampe posée sur une table de nuit proférait une douce lueur a travers la pièce… la nuit tombait déjà. Il y avait une porte menant à la petite salle de bain privée de Manon, et dans un coin une grande armoire, aux 2 battants qui étaient ouverts et qui révélaient l’intérieur rempli par des dizaines de tenues différentes…
Puis Ils allèrent voir la chambre d’Erwan. C’était une pièce similaire, excepté que la porte menant à une salle de bains menait a une grande pièce vide.

Voilà ta chambre ! dit Manon

Elle s’approcha et posa sa tête sur l’épaule de son frère.

Ecoute, reste ici comme chez toi, je serais heureuse que tu vives ici avec moi au lieu d’aller acheter un petit appartement miteux ou encore les casernes de la base… Si tu veux rester ici, tu peux faire ce que tu veux de la pièce vide à côté de ta chambre, en faire un bureau… Elle fit un petit sourire, Plutôt une salle de jeux dans ton cas…

- Heu…

C’est bon tu peux réfléchir cette nuit, tu me donneras ta réponse demain matin… En parlant de nuit, elle bailla, je vais aller dormir moi...

Erwan embrassa sa sœur qui disparu derrière la porte de sa chambre. Jetant un coup d’œil dans la chambre que lui avait donner Manon il se dis qu’il n’avait pas encore vraiment sommeil et descendit dans la véranda. Sans quitter des yeux l’horizon flamboyant, « ou le rouge et le noir s’épouse », il repensa au jour où il avait quitté la maison familiale. Bien sur il était jeune, bien sur il n’avait pas deux sous d’expérience et bien évidemment quand il fit part à père et mère de son intention d’aller chercher à Ostende le vieux voilier en bois pour rejoindre l’Angleterre et s’engagez dans l’armée ceux-ci désapprouvèrent. Il entendait encore la voix de père dans le hall d’entrée… « Si tu franchis cette porte, tu n’est plus mon fils Erwan »… et bien sur Erwan l’avait refermé derrière lui cette porte, et violemment bien entendu… en se croyant probablement plus fort que le monde entier.
Quelle ironie de se retrouver ce soir dans cette maison, dont il ignorait totalement l’existence. Erwan voulu se servir un verre d’alcool quand sa main fut frôlée par la peau douce d’une femme de ménage. Une femme, une fille plutôt, qui ne devait pas avoir beaucoup plus que l’age d’Erwan. Elle le regarda de ces yeux noirs ou brillait une indéfinissable lueur… elle lui sourit et lui reste comme cloué au sol, puis quand elle s’en va, Erwan la suis du regard, les yeux fixé sur la croupe incendiaire de la demoiselle ainsi que ces fines et longues jambes juste éclairer par la blancheur de la lune.
Debout derrière la vitre Erwan pense encore à ces soldats sur les plages de Dunkerque. Il revoit celui qui embarque et remercie dieu, celui qui vois partir sans lui le dernier bateau, celui qui vois s’éloigner son meilleur amis rester sur la plage, celui qui sais qu’il ne reverra plus jamais son compagnon d’arme, celui qui à vu des hommes les tripes et la bidoche à l’air… il se rappelle de ce gamin de 20 ans pleurer en chantant son frère resté sur le sable… les paroles lui reviennent encore comme une baffe dans la gueule…
« Là-bas sur les flots
Quelqu'un s'épuise pour moi
Là-bas sous l'assaut
Quelqu'un se blesse pour moi
Là-bas sur la grève
Quelqu'un s'élance avec moi
Là-bas dans mon rêve
Quelqu'un s'envole avec moi
Là-bas dans les dunes
Quelqu'un se brûle avec moi
Là-bas sous la lune
Quelqu'un se moque de moi … »




PS : paroles extraites de la musique du film « Les Nuits fauves »