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julian Quiet
julian Quiet
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Sur le perron de Poseïdon Empty Sur le perron de Poseïdon

Ven 11 Juin 2010, 08:14
Sur le perron de Poséidon

Le ciel est bas, gris et lourd en cette fin de journée. Le soleil de Norvège ne transperce pas ce voile terne. L’atmosphère est lugubre et glaciale, le vent de Scandinavie traîne un crachin au dessus des flots. A cet instant le large de Bergen mélange la mer, l’air et le ciel en une palette délavée de nuances gris-blanches ; le froid glacial des fjords mêlé de l’humidité du ciel cache l’horizon en un fin brouillard. Le cadre est morose, froid mais aussi calme et silencieux.

Une coque de métal fend les flots gris à très vive allure. Le bruit des moteurs est assourdissant mais le navire semble glisser sur la mer, comme animé par une rage impitoyable. Les deux cheminées crachent une épaisse fumée noire. Le destroyer suit un cap précis, sa volonté est inflexible. Dans ce cadre irréel seul un code, peint en blanc près de la proue l’identifie. Trois chiffres portent ses espoirs et ses peurs. Mais aujourd’hui le navire de guerre 695 est galvanisé car il se prépare à engager le combat.

Sur la passerelle, le capitaine Julian Quiet serre les dents, son visage mangé de barbe est crispé. Il étreint dans ses mains ses jumelles plus que de raison. Avec son épais ciret de cuir brun délavé, son écharpe entourant sa tête et ses mitaines il ressemble plus à un mendiant. La mer exige de l’humilité à tous les hommes quelques soient leurs gallons. Le commandant souffre du froid et de l’humidité, sa face est striée de gerçures et ses lèvres sont mises à nus, éclatées par le froid. Malgré cela le capitaine est heureux

Il se remémore les évènements des dernières semaines. Les combats près des côtes françaises sous un radieux soleil de printemps. Puis la chasse donnée à la Reichflotte Vanaheimen qui l’a mené vers d’âpres combats à l’ouest des îles Féroées. L’USS Cooper, destroyer de classe Allen M Sumner y a essuyé de nombreux dommages. Pendant un semaine, le capitaine Quiet a navigué vers Scapa Flow à bord d’une salle e commandement à ciel ouvert. En plus d’avoir marqué d’impact la coque du DD-695, le cargo allemand qui s’était battu jusqu’à la mort avec l’énergie du désespoir avait imprimé de profondes blessures dans l’âme de l’équipage de l’USS Cooper.

L’âme du capitaine, elle voguait en perdition le lendemain de l’accrochage avec le cargo classe Thor. Les matelots avaient assuré que même si le toit de la cabine était pulvérisé, les corps et les divers « débris humains » avaient été nettoyés. La cigarette entre les lèves et les yeux au ciel, le commandant chercha machinalement son briquet en or dans sa poche. Ses mains tremblaient depuis la veille, comme une honte Julian Quiet essayait de cacher ses troubles à l’équipage. Entre ses doigts fébriles le briquet chuta pour se glisser sous la console de navigation. Le capitaine se baissa pour retrouver l’objet sous l’imposant moniteur ; A quatre pattes le visage collé au sol le capitaine eu rendez-vous avec l’horreur. A quelques centimètres de ses yeux se trouvait un morceau de gencive. Immédiatement il se mit à vomir, les genoux et les mains au sol et le visage face à son remugle. Sous la douleur des spasmes de son estomac, il prit conscience de son pathétisme.

Après la réparation complète au port de scapa flow s’en est suivi une traversée groupée de l’AF-TF1 vers la Norvège. Toujours avec la farouche volonté d’envoyer au fond de la mer, sur le perron de Poséidon, les croiseurs de la RF. L’USS Cooper a durant une semaine fouillé les fjords au nord de Bergen avec l’enthousiasme d’un chien de chasse devant un terrier. Puis l’équipage à dû faire face à une terrible frustration lorsqu’il a compris qu’il suivait une fausse route.

A ce moment les souvenirs s’estompent. Aujourd’hui le capitaine Julian Quiet est heureux, le ciel morose de Norvège est un sublime spectacle et le vacarme des moteurs en flank est une douce symphonie. Il scrute à quelques kilomètres devant lui deux colonnes de fumée noires.

Une heure auparavant, un message radio du capitaine Edd Mc Lohen aux commandes de l’USS Iron signalait un accrochage avec deux torpilleurs allemands qui effectuaient une patrouille au nord-est de Bergen. Ce message avait transcendé l’USS Cooper. Après tant de pertes et de sacrifice, l’équipage allait enfin pouvoir exulter sa haine sous forme d’obus de 127mm. Les marins avaient leurs propres thérapies de groupe.

A Travers ses jumelles Julian Quiet aperçoit le destroyer classe Flush Deck. Sa coque est criblée d’impacts et un incendie sur le pont arrière témoigne de la violence du combat. Le navire en détresse penche légèrement sur le flanc tribord. Difficile à ce moment de prédire si le destroyer tiendra le coup. Les jumelles s’orientent à 40° vers l’est pour y découvrir un deuxième navire en perdition. Sauf que cette fois l’USS Cooper n’est pas animé de bonnes intentions et compte bien lui, porter le coup de grâce. Le torpilleur allemand type 1935 a payé très cher son accrochage avec l’USS Iron. Ses moteurs sont arrêtés et son tirant d’eau, beaucoup trop haut, laisse présager de lourdes voies d’eau. Cependant aucuns canots n’ont été mis à l’eau, le torpilleur est donc toujours potentiellement dangereux. L’équipage l’a bien compris et chaque homme est statique et silencieux à son poste de combat. Le capitaine regarde à travers les vitres du poste de commandement les deux tourelles de double canons sur le pont avant. D’ici il peut sentir la tension des hommes dans leurs cages d’acier ; Un seul ordre et son navire rugira le feu et l’acier.

Le micro dans la main Julian Quiet pressa le commutateur et ordonna d’une voix qu’il avait voulu la plus posée :
« Gisement 48°, torpilleur allemand, Engager la cible ! »
Pendant quelques secondes on n’entend que le grincement mécanique de la rotation des 3 tourelles, puis suit un formidable tonnerre ; Sous l’effet du tir synchronisé des 6 canons le navire suit un ample mouvement de roulis. Le verdict du tir tombe ; le torpilleur s’embrase en deux endroits, on peut apercevoir divers débris projetés en toutes directions. Le son parvient avec quelques secondes de retard en un feulement étouffé. Puis dans un panache de fumée et de flammèches le navire allemand se brise en deux. Mais l’équipage ne prend pas le temps de fêter sa victoire car le second torpilleur manœuvre pour se dégager du combat et regagner son port.

David Armstrong était en sueur dans la tourelle n°1 de l’USS Cooper. Il porte de ses bras musclés les obus de 127mm dans le magasin du canon. L’odeur âcre de la poudre mêlée à la transpiration lui brûlait les voies respiratoires et les yeux. Malgré cela le matelot Armstrong tenait son infernale cadence. Le poids du devoir surpassait la douleur de l’acide lactique dans ses muscles. Essoufflé, il chargea un énième obus sur le rail du canon, c’est à ce moment qu’une voix métallique résonna :
« Gisement 27°, torpilleur allemand, Engager la cible ! »

20 minutes plus tard.

Le torpilleur allemand type 1923 à chaviré sur tribord, les canons fument et les marins exultent. Les officiers commentent avec enthousiasme le combat, les soldats, eux, relatent avec fierté la petite parcelle d’évènement auxquels ils ont pris part. les moteurs de L’USS Cooper repartent en flank, les canons sont déchargés, mais cela ne presse pas. L’équipage s’est bien battu et mérite un temps de répit.

30 minutes plus tard.

Sur le pont avant, ça fume et ça commence à picoler. Le matelot David Armstrong avec son maillot imbibé de sueur frime devant ses frères d’armes.
« Vous auriez dû voir ça les gars, on avait une cadence d’enfer dans la une. On a balancé aux boches au moins une vingtaine de pruneaux »
Comme pour illustrer ses propos le marin contracta ses imposants biceps.
« J’aurais bien voulu voir la tête des frisés quand ils se ramassaient des pions ! »
Ses dernières perceptions humaines sur cette terre furent celles d’un sifflement strident avant d’être pulvérisé en lumière et chaleur par un obus de 152mm. Quasiment au même instant un deuxième obus frappa la superstructure avant , éventrant au passage la tourelle n°2. Instinctivement le capitaine Julian Quiet regarda l’horizon dans ses jumelles.

L’effarement se matérialisa à travers l’optique sous forme de deux croiseurs légers classe Leipzig et un destroyer type 1936B. Comme pour le saluer l’un des croiseurs émis 9 flash oranges. Quelques secondes plus tard l’infâme cadeau frappa la poupe et la coque tribord du Destroyer classe Allen M Sumner. Un autre obus s’écrasa au milieu des racks de lutte sous-marine. Dans une explosion fracassante les grenades s’éparpillèrent comme les graines d’un fruit trop mûr qui viendrait d’éclater.

Une fumée étouffante s’épancha sur le navire. Le commandant se pencha par-dessus le bastingage pour y découvrir d’immenses béances sur la coque bâbord. Une nappe de fioul poisseux et puant s’échappait des entrailles du navire. L’USS Cooper saignait mortellement blessé. Julian Quiet se releva désemparé, sous l’effet de la panique et de la surprise il n’avait toujours pas donné d’ordre . Des débits, des flammes et des corps jonchent le pont. Un sifflement strident se fit entendre et s’en suivit d’une formidable explosion. Le capitaine sombra dans l’inconscience.

2 minutes plus tard

Les deux énormes bras d’un colosse noir le saisir dans l’eau glacée et tirèrent le naufragé promptement dans le canot de sauvetage. Frigorifié il se recroquevilla sur lui-même, il était entièrement enduit de mazout gras et nauséabond. Lorsqu’il est passé par-dessus bord sous l’effet du souffle d’une explosion, le capitaine est tombé dans l’épaisse nappe de pétrole qui suintait de la coque du destroyer. Le géant sortit son mouchoir en tissus pour essuyer le visage de cette silhouette goudronnée. Le marin noir eu un mouvement de stupeur.
« Oh ! C’est vous capitaine ? Heureux de vous revoir Monsieur »
A la surface des flots il n’y a plus aucune trace de l’USS Cooper immatriculé DD-695

15 minutes plus tard

Le croiseur allemand passe à quelques dizaines de mètre du frêle canot. Il porte fièrement son nom: le KMS Ludwigsurg. Son allure est vive et le navire est déterminé à poursuivre le combat contre d’autres bâtiments alliés. Des marins allemands se tiennent sur le bastingage en regardant, le sourire aux lèvres, l’état pitoyable de l’équipage vaincu. Epuisés et honteux aucuns membres de l’ex USS Cooper n’osent affronter leurs regards.

L’attention du capitaine est captée par un homme sur la passerelle. L’allemand se tient droit, impeccable dans son long ciret en cuir noir. Autour de lui se tiennent une grappe d’officiers stricts et obéissants. A présent il scrute les hommes du canot, Julian Quiet reconnait ce visage. Les traits fins, la calvitie, le regard concentré et volontaire… Il sait maintenant qu’il a eu affaire au capitaine Wolfgang Lüth de la Reichflotte Vanaheimen et cette affaire à très mal tournée. Le commandant du KMS Ludwigsburg détourne maintenant son regard pour fixer l’horizon, là ou l’attendent d’autres combats.

C’est à ce moment que les survivants vécurent la pire humiliation. L’équipage du croiseur allemand aurait eu le droit de les insulter, de se foutre de leurs gueules, voir même de les allumer au canon de 20mm, cela les marins américains l’aurait compris. Mais qu’un photographe sur le pont immortalise leur échec marquait leur cœur de déshonneur au fer rouge. La propagande allemande se régalerait sans aucun doute de leur pathétisme. Bien que les naufragés soient silencieux en ce moment, tous se jurèrent de venger cet affront.

Le KMS Ludwigsburg mené par le capitaine Wolfgang Lüth vogue en direction du crépuscule fier et majestueux. Sa silhouette s’éloigne doucement et Julian Quiet sait que la vengeance est un plat qui se mange froid. Lors de l’appareillage de son prochain navire, il ferra embarquer un photographe de la marine. Juste au cas où il croiserait à nouveau le capitaine Wolfgang Lüth.

191 hommes servant sur l’USS Cooper sont morts en cette fin de journée. Et à cette heure, leur tombeau marqué du code DD-695 est doucement couché au fond de la mer de Norvège, sur le perron de Poséidon.



**J'ai écris ce texte RP avec l'aimable autorisation des capitaines Edd Mc Lohen et Wolfgang Lüth que je remercie tous deux**
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