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Pierre Duvreuil
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Jeu 06 Jan 2011, 18:12
Compte rendu de Patrouille

Patrouille N°1
Flottille : Force Navale Française Occidentale
Bâtiment : La Chimère

17 Décembre 1943


- Ça te gène pas toi ?


Le sous-marin venait tout juste de passer devant le phare qui signalait la porte principale du port de Rabat. Même si la houle n’était pas très formée, les lourds nuages au loin à l’ouest semblaient présager le contraire pour l’avenir. Sur le pont, les quelques hommes d’équipage restant s’activaient à s’enfoncer dans les écoutilles.
Pierre fit le tour de l’horizon avec ses jumelles, puis se retourna vers son second.



- Tu t’attendais à quoi ? C’est précisément comme on s’y attendait : un immense merdier ou tout est urgent! Donc il ne faut pas s’étonner si à peine arrivé, on nous demande de repartir en patrouille.
- Merde quand même ! On se tape tout l’océan Indien en faisant du cabotage chez les brit, la mer rouge, la mer méditerranée… et quand on arrive, on nous demande de repartir au bout de deux semaines à peine. Ça fait raide! Tu as vu la tête de Fred ?
- M’emmerde pas avec Fred. T’as pas remarqué que depuis qu’il s’est pris un vent à Alexandrie, il fait la gueule ?
- Mwé… bon ok. Mais ça fait chier quand même !
- Oh eh tu ne vas pas t’y mettre aussi. On a déjà deux emmerdeurs à bord, ça suffit !
Regarde les bons points : les gars ont tous pu poster leurs courriers pour leurs familles, on a toujours un bateau, même si c’est plus le même… et on est toujours vivant ! Moi il m’en faut pas plus !

Maurice, le second de la Chimère, fit une grimace pour toute réponse.

- Allez… arrête de râler ! On est de nouveau opérationnel maintenant. Descend et prépare une immersion à 25m. On va voir ce que notre nouveau jouet a dans le ventre.
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Sam 08 Jan 2011, 12:51
20 Décembre 1943


- Ok message bien reçu. Chimère, Terminé !

Le jeune radio reposa son casque et termina de griffonner quelques mots sur un bout de papier. Une silhouette apparut alors à l’encablure de la porte, dans la coursive centrale. Rien qu’à l’odeur acre, voir acide, de sa transpiration et à la tignasse noire hirsute, « mouche » reconnu Patrick, matelot torpilleur de son état.
Il resta quelques secondes à regarder dans le vide depuis la porte, puis se pencha nonchalamment vers son confrère.


- Alors « Mouche »… c’est quoi que tes oreilles ont entendu ? Ta mère s’est remariée avec un boche ? Ta sœur n’est plus vierge ?
- Fait pas chier « speedy ». T’as pas quelqu’un d’autre à aller emmerder ?
- Ben toi t’es là…
- Va plutôt astiquer ta torpille chérie. Il est où le pacha ?
- Il prend une douche !

Joignant le geste à la parole, Patrick leva le doigt vers le haut. Vu l’agitation qui animait le sous-marin, c’était le bon moment pour monter.
Le radio jura mais sorti malgré tout de sa cambuse en direction du central.
A en juger par la quantité d’eau qui pénétrait par le boyau d’accès au kiosque, c’était encore pire que ce qu’il pensait.
Il eut à peine le temps de toucher l’échelle qu’il se prit une copieuse douche glaciale.


« Foutu temps de merde… pourquoi on plongeait pas », se murmura t il pour lui-même, avant de parler à haute voix.

- Message radio pour le Capitaine… permission de monter ?

Il n’eut pour toute réponse qu’une série de beuglements lointains incompréhensibles et une nouvelle bassine d’eau froide.
Il allait reposer sa question lorsqu’une puissante voix lui répondit.


- Permission refusée ! Je descends !

Le radio s’écarta pour laisser descendre son chef. Les deux s’écartèrent du boyau pissant et, pendant que Pierre retirait la coiffe de son ciré, Frank commença.

- Message radio à onde courte de la part de la flottille Capitaine.

L’officier récupéra le message en parti détrempé et le lut lentement. Il remercia ensuite le radio, puis retourna vers le boyau. Il attendit quelques seconde que la prochaine déferlante ne passe, puis hurla à l’attention des hommes sur le kiosque.

- TOUT LE MONDE DESCEND ! PRÉPAREZ VOUS A PLONGER !

Puis, se tenant au périscope, il se rapprocha du coin des cartes. Le navigateur et son second furent les premiers à le rejoindre pendant que la procession le long de l’échelle se terminait.

- Nouveaux ordres ?
- Oui, on change de cap. Vu la distance avec le reste de la flottille, on ne les rejoindra pas avant au moins trois semaines. Et à ce moment là, ça ne servira plus à rien. On prend donc de l’avance vers le nouvel objectif. Cap vers ici !

Dit-il en pointant du doigt un endroit sur la carte. Il fit ensuite le tour des gens autour de lui, puis lança presque sur le ton de la plaisanterie.

- Messieurs… j’espère que vous avez bien profité de ces petits embruns pour vous ventiler. On retourne dans les odeurs de mazout et de crasse ! Immersion 25m!!
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Mer 19 Jan 2011, 23:05
24 Décembre 1943



Pierre leva alors un verre de vin, un haut-parleur dans l’autre main.

- Et c’est pourquoi je vous lève mon verre, en vous souhaitant à tous « UN JOYEUX NOEL!!! »

Pour réponse, un vacarme jaillit de tous les coins du sous-marin.

- JOYEUX NOEL CAPITAINE !!!!!

Puis les discussions et les rires reprirent de plus belle.

A l’écart des autres, perché seul sur le kiosque, Frédéric, le navigateur, était à ruminer tout en jetant, quand il y pensait, de vagues coups d’yeux autour du « bateau ». Même s’il faisait nuit, les brit avaient installés tellement de projecteur, que ce soit sur les berges ou sur les destroyers, que n’importe quel aveugle aurait pu traverser ce foutu détroit sans se faire aider.
D’ailleurs… à propos de destroyers, ça faisait un petit moment qu’ils n’étaient plus à lui tourner autour. Les anglish étaient tellement parano que la moindre coquille de noix qui bougeait… il prenait ça pour un U-Boot. Donc c’était préférable de toujours avoir le drapeau français sous la main, pour éviter un canardage intempestif.
Mais quelque chose le dérangeait. Se désarrimant du périscope de veille, « Grognon » se mit à regarder partout autour de lui.


- Putain… pourquoi ya plus de destroyer ici ? Il se passe quoi là ? Il…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une ombre de petite taille, hérisson à fleur d’eau, se profila à l’avant du sous-marin.

BBBBAAAAAAAOOOOOOUUUUUUUMMMMMM

A l’intérieur du bâtiment, tout ce qui pouvait valdinguer ou tomber s’exécuta, hommes comprit. Comme pour fêter Noël eux aussi, la quasi-totalité des équipements électroniques envoyèrent de manière simultanée des gerbes d’étincelles. L’instant aurait été féérique s’il n’avait été aussi dramatique.

Puis, contrastant avec la seconde d’avant, un silence de mort envahit le PC pendant que le bateau tanguait encore un peu.
Pierre, qui était au sol et saignait de l’arcade, lança un regard incrédule à Youri Volkov, son officier en armement.
C’est alors qu’une voix hurla depuis les entrailles du monstre d’acier.


- VOIE D’EAU !!!!! Y’A UNE VOIE D’EAU EN SALLE DES TORPILLES !!!! ÇA PISSE DE PARTOUT !!! VOIX D’EAUUUUU !!!!
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Sam 22 Jan 2011, 14:32
24 Décembre 1943


Immédiatement, presque tout le monde fut remis sur pied et la fourmilière se réveilla.

- Youri ! Tu vas là bas et embarques tous les hommes dont tu as besoin. Maurice, va avec eux et je veux un rapport des dégâts dans 2 minutes.

Vous deux Dit Pierre en désignant le Rachid, le cuisto, et son assistant, vous m’embarquez tous les blessés à l’arrière : ils sont dans le passage ! Installez-vous dans l’espace couchette ET TROUVEZ MOI LE DOC !

Puis le pacha se rua vers le boyau du kiosque.

- FRRREEEEEDDDD !!!! AU RAPPORT !

Pendant que le navigateur redescendait dans la « bête », le second revint en courant, trempé de la tête au pied et l’air apeuré.

- Alors ?
- C’est la merde ! La coque est déchirée sur 70cm environ coté gauche derrière le rack des torpilles. Vu le bouillon, on a dut condamner la salle des torpille et on essaye de colmater une autre infiltration dans la salle suivante mais c’est pas gagné du tout. Là aussi ça entre vite. On a pour le moment 8° de gite sur l’avant et c’est en augmentation.
- Des blessés ?
- Heureusement non ! C’était quoi ce truc ?

A peine descendu dans le PC, Fred se fit chopper par le col par le Pacha.

- PUTAIN FRED ! C’EST QUOI CE MERDIER !

Le navigateur avait l’air visiblement agar, comme s’il était shooté ou à moitié assommé.

- Euh… en fait j’sais pas trop. Une mine je crois. Oui… c’est une mine !
- MAIS BORDEL… QU’EST CE QU’ON FOUT DANS UN CHAMP DE MINE !!!! TU ÉTAIS SENSÉ SURVEILLER NOTRE POSITION ESPÈCE D’ABRUTI !!!
YA QUE LES ANGLAIS QUI ONT DES MINES ICI !!! QU’EST-CE QUE TU NOUS A EMMÈNE DANS UN CHAMP DE MINE !
FOUT MOI LE CAMP !! VA A L’AVANT ESSAYER DE RÉPARER TES CONNERIES !!
RADIO !!!

La tête craintive de Frank apparut dans l’encablure de la porte menant au PC.

- Commandant ?
- Contact les anglais qui sont dans le secteur. On va avoir besoin d’eux pour se faire remorquer jusqu’à Gibraltar ! ça évitera qu’on ne perde le sous-marin à cause d’un INCAPABLE QUI NE PASSE SON TEMPS QU’A SE PLAINDRE !!!!!

Pierre hurla bien fort l’insulte pour être sur que, ou qu’il soit, Frédéric l’entende. Il pointa ensuite son doigt sur trois matelots qui ne semblaient pas très occupés.

- Vous trois, vous grippez en haut avec le projecteur et vous me balayez tout ce qu’il y a devant nous au cas ou il y aurait d’autres « poissons ».
La barre à 180° et moteur en avant lente.
- Vous ne craignez pas les U-Boot monsieur ?
- LES U-BOOT ONT L’INTELLIGENCE, EUX, DE NE PAS ALLER DANS DES CHAMPS DE MINE ! EXÉCUTION !

Sur ces entre-faits son second, qui s’était éclipsé au moment de « l’explication » avec le navigateur, revint toujours aussi trempé.

- Bon, on n’a pas put colmater la 2e brèche ce qui fait qu'on a condamné également le 2e compartiment . « Mouche » a faillit se retrouver piégé au moment ou on a refermé la porte. On a 17° de gite sur l’avant maintenant mais plus d’infiltrations pour le moment. La mine a sans doute modifiée la structure générale du sub, donc j’espère que ça tiendra un peu.
- Il faut que ça tienne le temps qu’on manœuvre un minimum ! Au moins le temps qu’un Brit réponde à notre message. Prend tous les gars qui étaient avec toi et transportez autant de trucs lourd que vous pouvez de l’avant vers l’arrière. On va essayer de compenser la gite pour le pas s’enfoncer.
Vois aussi pour que les canots et les gilets soient à porté au cas où on commencerait à couler.

Maurice commençait à s’éloigner lorsque Pierre l’attrapa par l’épaule.

- Par contre… dès que c'est fait, occupe toi de Fred! Si je le revois devant moi, je le balance par-dessus bord. On le débarquera à Gibraltar. Hors de question qu’il remonte sur le bateau !
RADIO !!!

La tête maigrichonne de Frank refit son apparition.

- Oui commandant ?
- On en est ou ?
- Les anglais ont bien reçu notre message. Un destroyer nous a repérés et va se positionner à la sortie du champ de mine pour nous aider à regagner Gibraltar.
- Parfait… il faut juste que le bateau tienne jusque là. Contactez aussi les autorités du port. Décrivez leur notre état et dites leur aussi qu’on cherche un nouveau navigateur.

[i]Pierre retira sa casquette, s’essuya le front et alla aider ses hommes à déménager tout ce qu’ils pouvaient pour alléger l’avant. Il fallait que ça tienne ![/i
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Mer 26 Jan 2011, 18:20
30 Décembre 1943

Cyril, machiniste de son état, était planté devant la vitrine alléchante d’un bordel. Devant la porte, deux femmes pulpeuses se trémoussaient lascivement pour inciter le brave marin à venir se détendre. Ce dernier comptait encore et encore le maigre contenu de son portefeuille. Il ne lui restait pas grand-chose… mais ça devait être suffisant pour le « service minimum » avec ces deux dames.
Il leur fit un grand sourire et allait entrer en leur compagnie lorsque « Boum », l’artilleur de bord, l’attrapa par le bras et le retira vers l’extérieur.


- Trop tard Cyril… fallait dégainer plus vite ! Le Pacha bat le rappel. On doit appareiller dans trois heures!
- Putain de merde ! Dis-moi que tu déconnes !
- Même pas ! Les mécanos ont bossés jours et nuit et le bateau est de nouveau en état. On commence l’embarquement dans 5 minutes. Bouge toi.
- Que dale ! J’embarque pas sans m’être vidé ! J’en peu plus.

Le machiniste jeta un regard désespéré aux deux femmes qui l’attendaient.

- C’est toi qui vois mais après l’affaire « grognon », je jouerai pas trop avec lui. T'as quand même vu ce que le chef de bord et le chef machiniste lui ont mis. C'est tout juste s'il arrivait à marcher quand on l'a débarqué.
Mais c’est toi qui vois. Tu auras toujours le temps de t’astiquer à bord…
- Fait chier !!!

Cyril tourna une dernière fois la tête vers ses deux naïades puis se mit à courir vers le port en suivant « boum ».
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Lun 31 Jan 2011, 18:09
4 Janvier 1944

Message radio en provenance de « La Chimère » et à destination du commandement de la FNFO


« Le 2 Janvier vers 23h - avons profité de la nuit tombante pour rejoindre un combat entre le bâtiment du capitaine Montargis, un bâtiment de la Royal Navy et 4 bâtiments ennemis. Présence des submersibles des capitaines Malone et Loup également confirmée sur place.
Le 3 Janvier à 7h30 – coup au but sur un vorpostenboot. Cible coulée
Nouvelle attaque à 16h15. Deux coups au but sur un chalutier armé. Cible coulée.
Quatre ennemis ont été coulés et aucune perte coté alliés.
Rompons formation.»
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Sam 05 Fév 2011, 11:24
2 Février 1944


Dans le PC, Pierre fulminait tout en tournant en rond tel un fauve. Devant lui, bien isolé au milieu du reste de l'équipage, se tenaient Wilfried, un des machiniste, et Thomas, un gars de l'équipe torpille.

- Mais c'est pas croyable d'être aussi bouché! Vous pouviez pas simplement lever la tête?

- Capitaine, laissez moi vous ex...

Le mécano voulut s'expliquer, mais le commandant le coupa net.

- JE M'EN FOUT DE VOS EXCUSES!! Non seulement à cause de vous, on a loupé un sous-marin rital EN SURFACE ET QUI NE NOUS AVAIT PAS REPERE!!! Mais en plus on a faillit prendre le bouillon!

Le visage rouge cramoisi, Pierre désigné d'un doigt agressif un homme au milieu des autres.

- Monsieur Chimieux!!

L'air inquiet, l'électricien du bord se mit tout de même au garde à vous.

- Capitaine?

- Ou étiez-vous au moment ou j'ai annoncé la plongée?

- Sur le pont au niveau du gouvernail monsieur!

- Et vous m'avez bien entendu lancer l'ordre de plonger, n'est ce pas?

Alain jeta un rapide coup d'oeil désolé à ses deux camarades.

- Oui monsieur!

- Vous avez aussi entendu le chef de bord Laverdie répéter cet ordre, n'est ce pas?

- Oui monsieur!

Pierre se remit alors devant le machiniste et le torpilleur. C'est tout juste s’il ne leur bavait pas à la figure!

- ALORS COMMENT CE FAIT IL QUE VOTRE CAMARADE, DANS LE BORDEL DE L'ELICE, AIT ENTENDU CET ORDRE, ALORS QUE VOUS, AU CANON, N'AVEZ RIEN REMARQUES?

[i]Les deux hommes voulaient répondre quelque chose... mais ils savaient que peut importait ce qu'ils pouvaient dire, la suite serait la même. Ils préférèrent donc se taire plutôt que d'aggraver leur cas.


- Vu que la crasse semble vous avoir bouchée les oreilles au point de vous rendre sourd, on va lancer un grand nettoyage! Donc non seulement vous allez être de veille les jours de tempête pour le mois à venir!
Mais en plus, vous allez me nettoyer l'intégralité de ce rafiot pour éviter que d'autres ne puissent être frappés par votre "surdité passagère"!
Je veux que non seulement on puisse manger au sol dans la coursive... mais en plus que ça sente la rose! VOUS ENTENDEZ??? LA ROOOOSSSSEEEEE!!!
ME SUIS JE BIEN FAIT COMPRENDRE???

A l'unisson, les deux marins répondirent ensemble.

- OUI COMMANDANT!

- ROMPEZ!! Vous avez du travail! Je vous en foutrais de laisser la trappe avant ouverte au moment ou on plonge!
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Jeu 10 Fév 2011, 20:33
6 Février 1944


Une mouette passa tranquillement au dessus du kiosque du submersible français. Elle aurait pu « s’alléger » comme le veut la mauvaise blague, mais n’en fit rien et disparut dans un grand ciel bleu qui, pour une fois, était complètement dégagé. Quelle paix et harmonie il régnait dans le ciel.

En opposition complète avec ce spectacle idyllique, il régnait sur les flots une toute autre atmosphère. Une longue colonne de ravitailleurs et pétroliers italiens avait été repérée et était désormais l’objet d’un jeu de massacre que se livrait la FNFO. Aux tirs désespérés des mitrailleuses des cargos répondaient les salves d’obus de 152 et 140mm des croiseurs et destroyers.
Au milieu des loups, une petite silhouette presque insignifiante avançait au raz de l’eau. Sur le pont comme sur le kiosque, deux groupes s’activaient presque frénétiquement. Sur leur avant, deux ravitailleurs tentaient de s’échapper d’une fin trop prévisible. L’un concentrait déjà l’attention de tous les français et n’était plus qu’un tas fumant, pendant que l’autre semblait avoir été épargné jusqu’à présent.


- Canon pointé et près à faire feu commandant !
- Bien. Torpilles, on en est ou ?

Du fond du montre d’acier, la voix de Youri Volkov, l’officier en armement, jaillit.

- Tube 2 chargé, inondé et porte ouverte. Les coordonnés de tir ont été entrées comme annoncées.
- Parfait !

Maurice, le second, chuchota quelques mots aux oreilles de Pierre.

- 10 contre 1 que la torpille va l’achever.
- Tsss… un parie de fillette ça ! CANON : FEU !

Une détonation sèche suivie d’un léger tressaillement parcoururent le bâtiment pendant que la bouche du 76mm se mettait à fumer. A 1 miles de là… rien ! Les yeux braqués sur leurs paires de jumelles respectives, tout le kiosque attendait. Une petite phrase de Louis Maladier, le guetteur, fendit le silence.

- Ils l’ont loupé ou quoi ?

Mais à peine avait il prononcé ces mots qu’une gigantesque boule de feu éventra le flanc droit du ravitailleur. Et, alors que les applaudissements retentissaient sur le pont du submersible, la torche flottante à la coque trouée s’enfonçait rapidement à la barbe des destroyers.


- Pour un 76mm, il crache du feu ! Allez… on passe au suivant !
TORPILLE : nouveau cap au 346°. Les autres paramètres restent identiques.

Au milieu des applaudissements et des cries qui résonnaient encore dans le sous-marin, la voix à l’accent slave de Youri trancha.

- Paramètres de tir changés Capitaine ! Poisson prêt à être lâché !
- TORPILLE : FEU !

Un vrombissement fit trembler le bâtiment tandis qu’une trainée de bulle venait de faire son apparition à l’avant. A nouveau, un silence de plomb envahit la totalité de l’équipage pendant que le russe égrainait lentement les secondes restantes avant l’impact.

- 30 secondes…
- 15 secondes…
- 5 secondes…
- 4…
- 3…
- 2…
- 1…
- ….

L’aiguille continua sa course de quelques crans avant qu’un bruit sourd ne retentisse dans l’eau.

- Touché !!

Une longue gerbe d’eau retomba sur l’arrière du bateau juste avant qu’une petite fumée noire ne fit son apparition. Pierre laissa tomber ses jumelles sur sa poitrine tout en faisant une petite grimace

- Dommage qu’on ne l’ait pas coupé en deux du premier coup. Enfin… les autres s’en chargeront.
Allez messieurs… cap au 270 : On rentre à Alger. Sans torpilles, on ne risque pas de faire du mal à grand monde !

Les officiers présent sur le kiosque se mirent à plaisanter lorsque soudain la voix du guetteur coupa cet élan de bonne humeur.

- Fumée dans le 325 !!! Elle était cachée par le croiseur du commandant De Verdon.

Tout le monde se retourna alors et, d’un geste parfaitement synchronisé, leva leurs jumelles vers le petit panache noir. Le nouveau navigateur fut le premier à couper le silence.

- Bordel c’est quoi ça ? un destroyer isolé ?
- Non… ça a l’air plus gros… un Leipzig on dirait.
- Monsieur…
- Oui monsieur Maladier ?
- Vous avez vu le nombre de canon sur la tourelle avant… et la forme de la passerelle ?

Le navigateur laissa alors tomber ses jumelles sur lui.

- MERDE !!! C’est pas vrai. Mais qu’est ce qu’il fout là lui ?
- C’est qui ?
- C’est ce foutu Bismarck ! Et si lui il est là, croyez moi c’est que ya du monde avec lui !
- PUTAIN !!! Tout le monde rentre, on va plonger !
Vous trois !

Lâcha rapidement le commandant en pointant du doigt les trois servants du canon.

- Jolie coup pour le cargo, mais maintenant grouillez vous de m’arrimer ce canon et rentrez : on plonge !

Puis, laissant les autres descendre, le commandant se mit à marmonner dans sa barbe « il aurait pas pu se pointer quand on avait des torpilles ce con ? », puis descendit à son tour en fermant l’écoutille derrière lui.
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Jeu 24 Fév 2011, 19:27
9 février 1944

Il régnait dans le submersible une ambiance de mort. Personne ne parlait mais pourtant l’ambiance était saturée par le bruit des moteurs des différents bâtiments qui croisaient en surface. A certains moments, les croiseurs et autres cuirassés passaient tellement près qu’il fallait tenir tout ce qui pouvait vibrer sur les parois pour éviter qu’un cliquetis, même infime, ne puisse révéler leur position.

La mine inquiète, Vincent Faur, l’assistant cuisto qui n’avait pas grand-chose à faire, s’approcha de la salle sonar. Il tapa sur l’épaule de son camarade, s’accroupit à ses cotés et chuchota à la limite de l’audible.


- Alors « zoreille »… ça pue ou pas ?

L’opérateur retira lentement le casque de sa tête et montra du doigt une feuille de papier qui comptait une bonne quinzaine de bâtonnets dans tous les sens.

- Et alors… c’est quoi ça ?
- La quantité de fritz et de ritals qu’on a dans un rayon de 8 miles autour de nous… environ. Et vu leurs bruits… c’est du très lourd !
- Chiasse !!! Et combien de chieurs pour nous dans le lot ?
- Au moins trois…
- Re-chiasse !
- …mais je suis pas sur. Y’a tellement de bordel qu’on pourrait jouer de la trompète à 4 miles que je ne l’entendrais pas. Bon point… ils ne semblent pas trop regarder sous leurs pieds ! J’ai quelques « ping » mais ils semblent venir d’un bateau plein nord.
- Pfffff… parle pas de malheur. Avec ça personne arrive à fermer l’œil depuis plus de 48h.

Se rapprochant encore de l’oreille du « sonar ».

- Tant que j’y pense… tu as vu la nouvelle tactique de « hibou » pour dormir avec ce boucan ? Il se met des …..


PING

Tel le campe avant la tempête, un silence pesant envahit le bord. Puis soudain, le sonar se mit à hurler.

- CAPITAINE… ON VIENT DE SE FAIRE REPERE !!!

La première réaction perceptible fut une bordée de jurons venant des officiers présent au centrale. Le pacha étant dans sa cabine à ce moment là, les premiers ordres fusèrent du second, Maurice.

- Foutu ritals de merde !
Serge !!! Tu me réveilles tout le monde ! Les macaronis vont pas tarder à nous chier dessus et ça risque d’être sportif.

Presque instantanément le chef de bord appuya de tout son poids sur une petite manette et il s'en suivit une sonnette stridente dans tout le bord. Presque au même moment, le Pacha débarqua dans le centrale, le pantalon sur les genous et la chemise à moitié boutonnée.

- Pas moyen de dormir en paix ici. SONAR??? ça donne quoi?
- On est repéré commandant, c'est sur. Tous les bateaux du coin s'éloignent sauf l'Abruzzi au dessus de nous. Lui il a mit plein gaz et commence son virage.
- Merde...plus de temps. ON VA AU FOND!!! MOTEUR EN AVANT TOUTE. ASSIETTE MOINS 20! FAUT QU'ON DÉGAGE!

Les manœuvres furent lancées avec une grande vitesse pendant qu'un nouveau silence pesant retombait dans le bord. L'aiguille du profondimètre commençait à bouger lorsqu'un nouveau "bing" retentit sur la coque.

- Il arrive droit sur nous par l'ouest. Il est à plein régime!

Pendant qu'il entendait le bruit du monstre se rapprocher, le capitaine était rivé à l'instrument de profondeur.

- Descend.... descend plus vite...
- 30 m capitaine...
- plus vite foutu ballon...
- 40m

Nouveau "bing" sonar pendant que le vrombissement des moteurs du croiseur commençait à faire vibrer les oreilles de tous les hommes du bord.

- 50m
- Grenadage capitaine...1...2...4...7... elles sont trop nombreuses... j'arrive pas à les compter.

Comme lors de la seconde précédant le départ d'une course, tout le monde retenait son souffle, les yeux fixés vers ce qui aurait du être le ciel. Seul Sergueï Volkov, l'artilleur de pont, lacha quelques mots.

- И дерьмо!!

La seconde suivante, les grenades se mirent à exploser partout autour du sous-marin.

Bien plus tard dans la soirée, alors que la nuit était tombée et la flotte italienne passée, la mer se mit à bouillonner. Au bout de quelques secondes, un kiosque complètement éventré vit son apparition, suivit du pont principale. A peine le batiment fut immobilisé que les écoutilles s'ouvrirent et que l'équipage s'extirpa de son tombeau d'acier. Les canots eurent à peine le temps de se remplir que La Chimère se remit à s'enfoncer...définitivement cette fois.

Pierre Duvreuil
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Des jours et des nuits, récit du quotidien dans un sousmarin Empty Re: Des jours et des nuits, récit du quotidien dans un sousmarin

Ven 25 Fév 2011, 17:15
11 Février 1944

Le port de Rabat était plutôt calme en cette fin de matinée. Au loin, en mer, de gros nuages commençaient à apparaitre telle une armée de géants au service de Poséidon. D’ailleurs, premier signe de l’arrivée de l’armée céleste, le vent commençait à faire tanguer les bateaux de la rade, et le cliquetis des bateaux à voile retentissait de plus en plus fort.
Enfermé dans un bureau de la capitainerie, le capitaine Duvreuil terminait la dernière page de son rapport de mission sur une vieille machine à écrire.



Bilan de Patrouille N°1

Itinéraire

- Port de départ : Rabat
- Port d’arrivée : Batiment « La Chimère » coulé à 120km Sud-Ouest du cap Sud de la Sardaigne

Tonnage ennemi coulé

Batiments Allemands :

- Vorpostenboot (545 T)
- Chalutier armée (545 T)

Total : 1090 T

Batiments Italiens :

- Petit ravitailleur (4000 T)
- 2 x Ravitailleurs (5500 T)
- Pétrolier-Ravitailleur (10000 T)

Total : 19500 T

Total coulé : 20590

Effectifs

- Effectifs au départ : 41 hommes
- Effectifs à l’arrivée : 41 hommes


Il relut lentement son rapport et poussa un soupir de soulagement en voyant les derniers mots : aucune perte !
Et pourtant… ce n’était pas passé loin.
Mais si le bateau avait été coulé, c’était sa seule et entière faute. Il avait sous-estimé son ennemi en pensant jouer les morts au milieu de leur flotte. Il avait été vaniteux…et ça aurait pu couter très cher. La patience… l’ame du sous-marinier… il avait simplement oublié ce précepte de base.
La destiné lui donnait une seconde chance… et cette fois il ne ferait plus la même erreur.
Il retira lentement sa page en même temps que quelqu’un frappait à la porte.


- Entrer !

Pédro, le chef machiniste fit alors son apparition dans la pièce avec un grand sourire aux lèvres.

- Le bateau est prêt chef. Vivres, carburant et torpilles… tout est à bord !
- Parfait Pedro. Juste au moment où je termine mon rapport. On va pouvoir demander une seconde danse aux italiens.
Tu peux m’appeler l’enseigne ?

Quelques secondes plus tard, une jeune femme d’à peine une vingtaine d’année entra rapidement dans la pièce. Elle se posta devant Pierre et se mit au garde à vous.

- Capitaine ?
- Transmettez ça à l’amirauté. Il s’agit de mon rapport de mission. Ne perdez pas de temps.

La jeune enseigne disparut aussi vite qu’elle était venu sous les regards des deux hommes dont les yeux regardaient décidément autre chose que son jolie visage.

- C’est vraiment le seul truc qu’on regrette en mer.
- M’en parle pas
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Ven 11 Mar 2011, 17:18
25 Février 1944

Au petit matin, alors qu’une épaisse brume recouvrait ce secteur de la méditerranée, la vague silhouette d’un submersible fit son apparition, comme sortant des limbes.
Sur le pont de ce vaisseau fantôme, de nombreuses ombres semblaient s’agiter. Comme si le brouillard avait un effet sur cet équipage de damnés, leurs mouvements, leurs déplacements… tout se faisait au ralenti.
Certains faisaient sécher du linge, d’autres lisaient un bouquin, un petit groupe s’aéraient…simplement.
A l’arrière du sous marin, deux ombres étaient recroquevillées. Une main sur la ligne de vie, le pantalon sur les chevilles et les fesses au dessus de l’eau, les deux hommes étaient en grande concentration.


- Putain s’que ça fait du bien de pas avoir cette foutu odeur de merde ! Je supportais plus ces relents de dégueulit. Il a fait fort là « speedy ».
- Il a surtout fait chier. Déjà que ça pu, il faut qu’il y mette du sien !
- Oh… ça va c’est juste un petit dégueulit. Tu vas pas nous foutre une pendule pour ça.
- Ouais… ben c’est pas au pied de ton lit qu’il l’a collé son dégueulit l’autre con.

Soudain, sortant du néant, un long son mat imposa le silence sur le bord.

- Mais qu’ils sont con ces Brit. Dis moi… quand tu es un convoi, tu essayes de te la jouer discret en traçant. Alors pourquoi est ce que lui il signale sa position à tous les gars du coin. Un
- C’est un convoi… même avec cette purée de pois, ils cherchent à rester groupés.
- Oui… mais quand même… suffit qu’il y ait un rital dans le coin et hop… ils sont mort. Ils….

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une explosion sèche fendit la brume, suivit quelques secondes plus tard d’une explosion beaucoup plus marquée en direction du bruit de corne de brume. Après une seconde de stupéfaction, tout le monde allait se mettre à courir dans tous les sens lorsque Serge Laverdie, le chef de bord, fit un grand signe à tous depuis le kiosque, intimant de la fermer. De leur tour d’ivoire, les officiers restaient droit comme des I, discutant lentement à voix basse.
Tous les hommes présent furent appelés à se rapprocher du kiosque alors que le bruit du moteur venait de diminuer.
Le commandant se pencha alors vers eux.


- Messieurs… Tous au poste de combat dans le plus grand silence. Je veux que les artilleurs de pont se mettent en position… et soient prêt à dégager rapidement au cas où on devrait plonger en urgence. A vos postes !

Immédiate la fourmilière s’organisa et tout le monde rejoint son poste. Sergueï, qui jusqu’à présent était de corvées « nettoyage », fit son apparition sur le pont et se rua alors vers le canon. Aidé par Sebastien Leseur, l’artilleur AA, ils déverrouillèrent le canon et le mirent en batterie. Le stress et les ordres avaient fait bouger tout le monde avec une extrême rapidité, frisant parfois le cafouillage… mais maintenant le bâtiment apparaissait comme figé dans le temps. Plus un mouvement, plus un son…tous restaient immobile. Un frémissement, un bruit… chacun essayant de trouver un indice menant au « bandit ».

Après 5 très longues minutes d’un silence glaçant, l’artilleur rapprocha sa tête de celle de son servant et lui murmura à l’oreille.


- Bordel ils sont ou ?
- Tu penses qu’ils nous ont repérés ?
- Comment tu veux que je sache… ça se trouve, on approche en surface d’un croiseur. Ils font quoi sur le kiosque ?
- Ça cherche. « Whisky » pense avoir vu quelque chose ya quelques secondes.
- Ou ça ?
- 20° sur la droite
- …ya rien. C’est pas la gnole qui lui fait voir des trucs ?

Sergueï tourna la tête. Sur le kiosque, toutes les jumelles étaient désormais fixées dans la même direction et tous discutaient rapidement entre eux.
Par réflexe dit « du mouton », l’artilleur pointa alors le canon en direction du banc de brumes que tous semblaient regarder avec insistance.


- Ils sont fou ! ça y…

Un nouveau bruit de tir le coupa net, provenant du fameux banc de brouillard. Le bruit était bien plus proche, très proche même, et l’espace d’un court instant, il avait cru entrevoir un petit flash de tir. Comme la première fois, il fallut quelques secondes pour entendre l’écho sur le cargo qui se trouvait à quelques miles.
Un vrombissement fit vibrer le submersible, suivit presque immédiatement par l’apparition d’une colonne de bulles à l’avant.
Les yeux écarquillés par la surprise, l’artilleur se pencha de nouveau vers son collègue.


- Ils ont fumés quoi là ? On voit même pas ou il est… comment tu veux pointer avec ça ?
- Chai pas… z’ont peut être une meilleur vu que n…

Une gerbe de flamme déchira soudain les brumes, immédiatement suivi par une forte explosion. Au pied du périscope, des sourires apparurent dans toutes les barbes. Malgré l’explosion, Sergueï n’en restait pas moins médusé.

- Bordel de cul de canard… ils ont fait comment ? On voyait foutrement rien, même pas à 200m et il doit être à 800m…au moins !!!
- C’est ta vue qui baisse « Papy » !
- Fais pas chier toi… tu le voyais pas plus que moi.
- Le voir ou pas… qu’est ce que t’en as à carrer ? C’est pas toi qui pointe la torpille ! Garde juste en tête que ça fait un sub en moins dans le secteur !
- Ouais… ben toi qui est si malin, c’était quoi comme pavillon ?

Le servant regardait en direction des flemmes. Au milieu de la brume, ça rajoutait un coté fantomatique à la situation.

- Vu les cries… je dirai Italien ! Mais bon, on pourra pas le voir vu que le bateau est en train de virer !

Et tandis que les marins commençaient à regagner le pont, le bâtiment français virait de bord pour éviter d’être repéré par les possibles survivants
Pierre Duvreuil
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Sam 19 Mar 2011, 20:28
19 Mars 1944

Il régnait sur les quais du vieux port d'Alger une très forte agitation. Une fois n'était pas coutume, un convoi avait réussi à échapper aux U-Boot et aux forces de la X-mas, et pénétrait lentement dans la rage.
De tous les coins du port, les gens accouraient pour voir les gros cargos s'immobiliser lentement, attendant que les chalutiers viennent les aider à l'amarrer ça et là.

Dans la foule, nombreux étaient ceux qui n'avaient rien à faire ici... mais c'était toujours un spectacle intéressant à observer et ça pouvait être l'occasion de gagner quelques sous en prêtant main forte aux dockers pour le déchargement. Au moins, les bateaux ne resteraient pas trop longtemps immobilisés et pourraient repartir avant d'avoir été signalés aux flottes ennemis dans les environs.

Dans la foule, au milieu des badots, émergeait une casquette blanche. Le capitaine Duvreuil observait avec la même intérêt que les locaux les cargos se positionnant pour débarquer.
L'intérêt était différent pour lui puisque ça signifiait essentiellement que le port ne serait pas en rupture de stock de certaines denrées lors de son prochain passage.

Derrière lui, noyé également dans la foule, quelqu'un s'approcha discrètement et arracha violemment la sacoche que l'officier tenait. Sentant que sa mallette lui échappait, le français porta la main à son arme de service tout en faisant volte face.
Il s'arrêta net en tombant face à face avec la face hilare du navigateur.


- ANGUS! Mais vous êtes fou ou quoi? Vous voulez que je vous colle une balle dans la tête?
- Désolé commandant. Je n'ai pas pu wésister. C'était twop tentant.
- Je vous en foutrait des "pas pu résister". Foutu Ecossais!
- Vous auwiez du voir votwe tête chef... c'était twop dwole.
- Tsss... bon, on en est ou niveau embarquement?
- Il est tewminé sir! J'allais à la capitainewie demander l'autowisation de quitter le powt!
- Parfait. Puisque vous allez dans ce coin là, faites un saut à l'amirauté pour moi. Il faut leur remettre ce rapport. ça vous apprendra à vous moquer de moi.

Le commandant sorti une petite liasse de papiers de sa sacoche qu'il tendit au navigateur. Les deux hommes se saluèrent, puis s'éloignèrent. Dans son coin, Angus "l'écossais" continuait de ricaner de sa plaisanterie.


Bilan de Patrouille N°2

Itinéraire

- Port de départ : Rabat
- Port d’arrivée : Alger

Tonnage ennemi coulé

Batiments Allemands :

- Chalutier armée (545 T)
- Sous-marin type IIa (254 T)
- Torpilleur type 1935 (844 T)
- Torpilleur type 1924 (933 T)

Total : 2576 T

Batiments Italiens :

- Sous-marin classe Argonauta (650 T)

Total : 650 T

Total coulé : 3226 T

Effectifs

- Effectifs au départ : 41 hommes
- Effectifs à l’arrivée : 41 hommes

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Mar 05 Avr 2011, 18:27
5 Avril 1944

Dans le couloir menant au central, il se déroulait un véritable combat prométhéen dont personne ne soupçonnait l’existence. Sur la vieille horloge, tel un aigle, la grande aiguille était sur le point de rattraper la petite, indiquant par la même occasion la fin du quart. Depuis peu, un troisième larron s’était invité puisqu’un point de rouille faisait son apparition en plein milieu de la piste… jusque là sans conséquence.
Les yeux rivé sur cet insaisissable ballet, le matelot david Pack était à attendre, la gueule béante et un filet de bave en coin. Depuis la cabine sonar, on avait un magnifique point de vue sur la goutte de bave. Allait-elle tomber ?? Non ???
Exaspéré et quelque peu déconcerté par le triste spectacle, « zoreille » finit par retirer son casque à moitié en regardant son collègue torpilleur.



- Putain « bouchon »… qu’est ce que t’as à la dévisager comme ça ? ça fait plus d’une heure que tu restes figé comme un con. Si le chef te voit comme ça, ça va pas le faire.
- J’en peu plus « zoreille ». Trois jours que j’ai pas pioncé.
- Pourquoi ?
- A cause de ma connerie l’autre jour ! Tu sais ? ya « speedy » et « taxi » qui me l’ont fait payer. Pas pu fermer l’œil ? Ces cons se relayaient pour pas que je dorme
- Et tu crois que la montre va t’aider.
- Ils m’ont dit qu’à la fin de mon quart, ça serai fini… plus que 15min ! J’en peu plus pierre ! Chui claqué !
- Tu….

Le sonar se tut brusquement, soudainement accroché par le contenu de ses écouteurs.

- Chier… il sort d’où celui là ! Va vite me chercher le pacha !
- Il pionce… lui ! C’est Vallier qui est de garde !
- Va me le chercher !

Quelques secondes plus tard, le second arriva rapidement.

- Qu’est ce que t’as entendu « zoreille » ?
- Contact à environ 1 mile Monsieur, azimut 219. C’est un diesel… une seule hélice. Vu le faible bruit… je dirai un petit gabarit. Il devait être en rade…y’avait rien ya 30 secondes.
- Merde… il nous a repéré ? C’est un Vorp ???
- J’en sais rien. Il est en avance rapide… mais on dirait pas qu’il se rapproche.
- On va regarder en surface avant de réveiller tout le monde !

Le second regagna rapidement le central. Devant sa vitesse, un mélange d’excitation et de crainte apparaissait sur les visages des matelots.
A peine le périscope sorti, le second se rua dessus et se mit à tourner frénétiquement avant de se fixer.
« Pov », l’officier en armement qui était, lui aussi, de quart s’approcha se lui.


- Méchant ?
- Pffff un con de chalutier Teuton. Dire qu’ils espèrent faire peur avec leur pistolet à bouchon. On a quoi en tube ?
- Tube 3 et 4 plein. Tu veux le couler ?
- Non… seulement lui apprendre que c’est pas poli de nous réveiller pour si peu ! Une seule torpille devrait suffire !
- Mais… à quoi ça sert dans ce cas ? Soit on le coule, soit on le coule pas. Si avec une seule torpille il ne coule pas, on aura signalé notre position pour rien !
- Fait pas chier Youri… le capitaine doit avoir l’âge de mon fils. En plus, deux torpilles sur une bicoque comme ça, c’est du gaspillage.

L’officier russe n’en demeurait pas moins incompréhensif de la décision.

- Prend les mesures… tu pourras aller réveiller le pacha ensuite si ça te chante. Ouvre moi le tube 3. Torpille à profondeur faible. Ya pas de lune, ils ne verront même pas la trainée. Vitesse rapide. Tu la pointes au…275… non 276. Distance du but, 1 mile et des brouettes !

Youri Volkov enregistrait les données au fur et à mesure mais n’arrêtait pas pour autant de fulminer. Il empoigna ensuite le téléphone pour contacter directement la salle des torpilles.
Les yeux scotchés dans le périscope, le second demeurait immobile. Seul sa mâchoire bougeait, donnant l’impression qu’il comptait quelque chose.


- Tube 3 ouvert !
- Ok super ! Tube 3… Chassez !

A peine l’ordre fut il retransmit qu’une vibration sourde ébranla le bâtiment. En parallèle, Youri lançait son chronomètre.
Il fallut à peine une quinzaine de seconde pour que la torpille n’atteigne son objectif. Dans la noirceur de la nuit, une gerbe de feu illumina la mer ; Le bateau avait été touché à l’avant.
Au bout d’une bonne minute, comme l’avait prédit l’officier d’armement, le chalutier était toujours en surface. Il penchait sérieusement, une pichenette l’aurait fait couler… mais il était toujours à flop.
A ce moment là, le Pacha entra dans le central, l’air mi-surprit, mi-énervé.


- Qu’est ce que c’est ? Il se passe quoi là ?

Youri dévisagea le second, puis tourna les talons en lui disant.


- Tu ne voulais pas le couler… tu t’expliques avec lui !
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